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Sœur Pascaline Ouédraogo, directrice de l’orphelinat de Loumbila : « Nous recherchons 75 millions de francs CFA pour étendre la pouponnière »
 
Créé en 1995, l’orphelinat Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de Loumbila compte aujourd’hui 76 pensionnaires et ambitionne de mieux s’occuper des plus petits. Pour cela, il lui aussi une pouponnière répondant aux normes prescrites par le Ministère de l’Action sociale et de la solidarité nationale. Afin de récolter des fonds qui vont servir à l’extension de la pouponnière déjà existante, les responsables de l’orphelinat organisent le 6 octobre prochain à Ouagadougou une soirée spectacle qui sera animée par Alif Naba, ambassadeur de bonne volonté de l’orphelinat et d’autres artistes. A un mois de la soirée, la directrice, sœur Pascaline Ouédraogo fait le point de la situation actuelle de la structure, parle de leurs besoins et de la soirée spectacle.

Lefaso.net : Comment a été créé l’orphelinat de Loumbila ?


Sœur Pascaline Ouédraogo : La mission de Loumbila est née du restaurant Eau-Vive que beaucoup connaissent. Lors d’une visite d’une consœur burkinabè et d’une péruvienne à Guilungu (NDLR, localité située à quelques bourgades de Ziniaré), elles ont rencontré une maman et sa fille qu’on avait donnée en mariage à l’âge de 4 ans. La maman a exposé le problème aux sœurs qui ont accepté de prendre la fille. Elle fera la 2e année d’université cette année.

De retour à Eau-Vive, les sœurs ont parlé du problème à un couple espagnol qui se trouvait au restaurant. Ce couple a donc accepté de contribuer à la prise en charge de la fille et il le fait même jusqu’à présent. La fille est donc restée dans la famille de la consœur de Guilungu. Ayant vu cela, les gens se sont transmis la nouvelle et progressivement, même des bébés ont été conduits dans cette famille. En 1999, la concession était devenue étroite et les sœurs, en cherchant un endroit, ont obtenu ce terrain de 14 ha à Loumbila. Avec des partenaires français, italiens et américains, des infrastructures ont été progressivement construites. Des projets ont également vu le jour afin d’assurer une meilleure prise en charge des enfants.

Nous avons aujourd’hui une école maternelle, une ferme de spiruline, une autre pour les animaux afin d’avoir de la viande, des œufs, etc. Le supplément est vendu afin de soutenir le fonctionnement de la maison. Nous avons aussi la boulangerie-pizzeria qui est la principale source de revenus pour la prise en charge des enfants.



Combien de pensionnaires compte actuellement l’orphelinat ?


Nous avons au jour d’aujourd’hui 76 pensionnaires. Mais il est à noter que de 1995 à nos jours, nous avons accueilli 444 enfants dont l’âge va de 0 à 18 ans. Certains sont proposés en adoption. Mais nous accompagnons les autres afin qu’ils trouvent un métier à exercer.

Placez-vous des orphelins dans des familles ?

Oui. Nous demandons souvent à de bonnes volontés de prendre certains enfants pendant les vacances. Beaucoup d’enfants, très souvent, n’ont pas où aller pendant ce temps surtout qu’il leur arrive de rester toute une année sans une visite de leurs parents qui, pour la plupart, se désengagent de leur responsabilité. Nous demandons donc aux bonnes volontés de prendre des enfants pour deux ou trois jours afin qu’ils comprennent que l’orphelinat est un passage pour eux et que la famille est le meilleur endroit pour l’épanouissement de l’enfant.

Beaucoup de choses ont été faites, d’autres restent à faire. Quelles sont aujourd’hui vos attentes ?

Il reste énormément à faire pour une meilleure prise en charge des enfants. Nous travaillons à pouvoir respecter le cahier des charges qu’impose le ministère de l’Action sociale et de la solidarité nationale. Ce cahier n’est pas encore validé mais est en cours d’adoption et nous devons travailler afin de nous y adapter. Pour le volet sanitaire, nous avons pu, grâce au soutien des Burkinabè, équiper l’infirmerie. Car le bâtiment avait été construit par une américaine mais il était vide. Avec notre ambassadeur de bonne volonté, Alif Naba et les amis de l’orphelinat ainsi que les Burkinabè, nous avons collecté lors d’une soirée spectacle, organisée le 2 octobre 2010, la somme de 17 millions de francs CFA qui nous a permis de rendre officiellement fonctionnelle l’infirmerie le 8 octobre 2011. L’Etat nous accompagne avec trois infirmiers qui offrent leurs services pour les pensionnaires et la population de Loumbila.

Notre projet cette année est de nous mettre aux normes afin d’accueillir les nourrissons de 0 à 3 ans.

A quoi faites-vous allusion lorsque vous parlez de normes ?

Il nous faut un bâtiment qui respecte toutes les conditions de sécurité et qui offre plus de convivialité pour le bien-être des enfants. Ce qui est décent pour l’être humain. Nous avons actuellement un dortoir de 10 bébés. Et lorsque des enfants arrivent nouvellement, ils rejoignent directement les autres. Ce n’est pas normal parce que nous devrions avoir une salle d’observation pour ces enfants. Nous devrions également avoir un réfectoire pour les tout-petits.

La pouponnière existe déjà mais nous voulons augmenter ses capacités. En 2010, « les Engagements nationaux » nous avaient promis le bâtiment principal de la pouponnière. La promesse a été tenue puisque nous avons le bâtiment. Il nous reste les bâtiments annexes dont le coût s’élève à 75 millions de francs CFA. Nous invitons donc les bonnes volontés à faire des efforts afin que nous puissions offrir plus de bonheur aux enfants. Les dons peuvent être en nature ou en espèce. Ceux qui le veulent aussi peuvent venir donner un peu de leur temps aux enfants.

Vous organisez le 6 octobre prochain une soirée spectacle afin de collecter des fonds pour financer le projet d’extension de la pouponnière. Combien attendez-vous au cours de cette soirée ?

Nous ne pouvons pas donner un chiffre mais nous espérons énormément. Nous avons besoin de 75 millions de francs CAF pour réaliser le projet. Nous avons déjà déposé près de 300 courriers auprès d’institutions publiques et privées. Des sociétés ont déjà commencé à réagir. La Chambre de commerce a déjà donné 250 mille FCFA, le Trésor public a réservé une table pour le 6 octobre prochain. Bref ! Des gens ont commencé à réagir positivement. Et nous espérons que beaucoup de personnes viendront à cette soirée qui sera animée par Alif Naba, Mawndoé et Moïse du Rwanda.

Quelles dispositions avez-vous prises pour recevoir les dons de ceux qui veulent déjà contribuer ?

Ils peuvent déposer leurs contributions au restaurant Eau-Vive ou ici même à l’orphelinat Saint Thérèse de L’enfant Jésus de Loumbila. Nous ne saurons assez remercier les bonnes volontés qui se manifestent déjà. Elles étaient nombreuses en 2010 et nous espérons qu’elles le seront d’avantage cette année.

Jacques Théodore Balima
Lefaso.net