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Route Ouaga-Bobo, notre honte nationale
 
Décidément, la route reliant les deux plus grandes villes du Burkina est un scandale qui ne finit pas de faire parler d’elle. C’est la route nationale n°1. Elle relie la capitale politique à la capitale économique de notre pays et pourtant elle ne nous fait pas honneur.

Après l’affaire Razel du nom de l’entreprise française qui avait construit cette route en 2002- 2003 pour qu’elle ne tienne que le temps d’une saison, revoilà cette route au centre de déconvenues. Nous pourrions passer sous silence l’état actuel du tronçon Ouaga- Boromo totalement délabré à plusieurs endroits et qui n’est pas sans causer des accidents.

Seuls les braqueurs peuvent se réjouir du mauvais état de cette route en prenant à leur avantage la modération de vitesse que les conducteurs sont obligés d’observer à cause des nids de poule (ou d’éléphants) ou encore de l’absence de bitume à des endroits sur ce tronçon. Des braquages de cars de transports ont déjà été perpétrés dans cette partie et c’est grâce à la complicité de la route.

Ici nous voudrions surtout évoquer le deuxième tronçon de cet axe Ouaga- Bobo. Ce tronçon qui part de la sortie Ouest de Boromo jusqu’au Rond-point de la Femme à Bobo est à l’apparence sans problème. Après le bâclage de Razel, cette partie a été reprise grâce à un financement de l’Union européenne. C’est ce qui vaut à ce tronçon l’appellation de « route de l’Union européenne ».

Solide comme un béton, l’architecture n’est pas à plaindre. Ce qui est seulement regrettable-et ce n’est pas peu-, c’est le goût d’inachevé de cette belle oeuvre. Ceux qui voyagent la nuit entre les deux villes ont fait le constat qu’on rentre toujours à Bobo dans l’obscurité. Depuis le portique « Bienvenue à Sya » jusqu’au Rond-point de la Femme situé en ville, la voie est dépourvue d’éclairage public.

On peut ne pas s’accorder sur le fait qu’une telle situation nuit à l’image de la ville de Bobo, mais l’évidence pour tous, et qui est regrettable, ce sont les accidents qui se multiplient sur cette partie non éclairée d’une route aussi importante.

Etant donné que c’est là que commence la ville, la voie (double voie en plus) est très fréquentée d’une part par les riverains et d’autre part par les transporteurs. Entre le portique et le rond-point, c’est 5km de route dans le noir. Les autorités communales et nationales sont informées du danger certain que cela cause à la population, mais on semble dire qu’il n’y a pas de solution.

Et pourtant, le 28 janvier 2011, lors du baptême de cette Avenue au nom de l’Union européenne, le maire de la commune de Bobo, Salia Sanou, avait fait un aveu en ces termes : « les cas multiples d’accidents enregistrés sur cette avenue sont dus au manque d’éclairage public ». A la suite, il avait aussitôt ajouté que le conseil municipal de Bobo cherche par tous les moyens à résoudre ce problème d’éclairage.

Nous entamons 2013 et le problème reste patent, une vilaine réalité. Les jeunes des quartiers riverains se rassemblent régulièrement et revendiquent l’éclairage de cette voie. Plusieurs fois, ils ont rencontré soit le maire de l’arrondissement de Dafra, Sidi Sanogo, soit le maire central. Peut-être que les besoins de financement pour éclairer ces 5 kilomètres dépassent les capacités de la commune. C’est avant tout une route nationale et la N°1 de surcroit. Peut-être que l’Etat devrait en faire son affaire. C’est même une question d’honneur. Selon les jeunes riverains, le maire de Dafra leur avait dit que l’éclairage de la voie couterait cinq cent millions de Franc CFA (500 000 000). Une broutille dans un pays qui brille d’or.

Comment comprendre qu’il ne soit pas prévu d’éclairage dans la construction d’une telle route ? Il semble, selon les autorités communales, que le projet de l’Union européenne ne devrait pas arriver jusqu’au Rond-point de la Femme. Le bitumage devrait se limiter à 10 kilomètres en arrière. La prolongation des cinq kilomètres supplémentaires a été négociée par la commune. C’est une bonne affaire, mais elle est aussi pernicieuse. Tant que la voie ne sera pas éclairée, c’est comme si on offrait des vies humaines en sacrifice.


Cédric Kalissani
MUTATIONS N° 20 du 1er janvier 2013.Bimensuel burkinabé paraissant le 1er et le 15 du mois (contact :mutations.bf@gmail.com)