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4e conférence sur les biocarburants et les bioénergies : Peu d’annonces mais des perspectives se dégagent
 
La 4e conférence sur les biocarburants et les bioénergies s’est achevée le samedi 23 novembre à 0uagadougou ; après avoir réuni 283 participants autour du thème « Quel bilan et quelles voies d’avenir pour les biocarburants et les bioénergies en Afrique ? ». C’est le ministre burkinabè des Mines et de l’Énergie, Salif L. Kaboré, qui a présidé l’ouverture de la conférence.

Organisée par le Ministère des Mines et de l’Énergie, l’Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), la 4e Conférence Internationale sur les Biocarburants et bioénergies en Afrique s’est clôturée samedi dernier, en présence du Ministre des Mines et de l’Énergie, M. Salif Kabore. Avant de laisser le ministre Kaboré prononcer le mot de la fin, Marie-Hélène Dabat, économiste au Centre international de recherche agronomique pour le développement (CIRAD), a dressé un premier bilan de ces trois jours de discussions et de débat.

Le thème de cette quatrième édition était censé permettre l’évaluation de la mise en œuvre des politiques et stratégies de développement des biocarburants sur le continent africain au cours de ces dix dernières années et de dégager un cadre stratégique et des lignes directrices de développement durable des filières bioénergies et biocarburants pour les dix prochaines années. Finalement, peu d’annonces ont été formulées en ce qui concerne l’avenir de ces filières. Marie-Hélène Dabat est néanmoins revenue sur les points importants soulevés lors des discussions.

La controverse du jatropha

Présentée, il y a quelques années, comme « l’or vert du futur », cette plante de l’hémisphère Sud, qui produit une huile ressemblant au diésel a été massivement plantée au Brésil et à Madagascar dans l’espoir de produire du biocarburant. Malheureusement, la plupart des groupes qui se sont lancés dans cette production ont essuyé de cuisants échecs. Malgré tout, François Giraudy, ingénieur agronome responsable des projets africains d’Éco-Carbone, a longuement parlé de la société Jatropha Mali Initiative (JMI) qui développe les plantations de jatropha en partenariat avec les agriculteurs du cercle de Kita, à 150km de Bamako. D’abord destinée au marché local, l’huile issue des plantes peut servir à faire du biodiésel mais aussi du biopesticide et des savons - les premiers savons de Marseille avaient d’ailleurs été faits avec de l’huile de Jatropha. La preuve, peut-être, que tout n’est pas échec sur cette question du jatropha.

Des risques pour le secteur alimentaire ?

Marie-Hélène Dabat s’est également appesantie sur l’idée que l’exploitation des plantes bioénergétiques comportent des risques pour les paysans locaux, notamment par la concurrence qu’elles exercent avec les cultures alimentaires. Pour l’économiste du CIRAD, les plantations bioénergétique peuvent participer à la sécurité alimentaire par le biais de revenus complémentaires qu’elles apportent aux producteurs. Par ailleurs, elle a aussi insisté sur la nécessité de ne pas se focaliser uniquement sur certaines plantes. « Pourquoi se limiter au jatropha et au palmier ? N’y a-t-il pas intérêt à investir dans la production d’autres plantes dont l’énergie pourrait être un des débouchés ? La pluriactivité des plantes mais aussi des marchés pourrait être une garantie de succès pour les marchés et les filières », a-t-elle conclu.

Pierre Mareczko
Lefaso.net