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Explications des mesures sociales du gouvernement :Une rencontre aux allures de meeting politique

Le gouvernement burkinabè organisait, cette semaine, des tournées régionales afin de présenter ses mesures sociales aux populations du Burkina Faso. Ce matin, à Ouagadougou, cette présentation a parfois pris des airs de véritable meeting politique du parti au pouvoir.

L’espace culturel Jean-Pierre Guingané accueillait, ce mardi 8 avril, une délégation gouvernementale composée, entre autres, du Ministre d’État chargé des affaires présidentielles, Assimi Kouanda ainsi que du Ministre de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, Arthur Kafando. Chargés de présenter les mesures sociales du gouvernement aux populations de la région Centre, les deux politiciens ont rempli leur mission à merveille en évoquant d’abord les 64 milliards de F CFA alloués à une première série de mesures prises en septembre 2013 comprenant la revalorisation de la rémunération des travailleurs ainsi qu’une série d’actions spécifiques à destination de plusieurs catégories de la population et particulièrement des jeunes. Le public présent, en grande majorité des militants du Congrès pour la Démocratie et le Progrés (CDP), a donc largement applaudi les interventions, y compris celle d’Arthur Kafando qui n’a pu s’empêcher de revenir sur la question de l’installation du Sénat et de la révision de l’article 37 de la Constitution. Une manière de reprendre la main dans le débat public après le succès des récentes mobilisations de l’opposition ?



Un public de militants


« Nous sommes tous militants du CDP », confient de jeunes Ouagalais interrogés par lefaso.net à la sortie de l’espace culturel Jean-Pierre Guingané. Commerçants dans le secteur informel et « DJ » [sic], ceux-ci disent apprécier les nouvelles mesures du gouvernement, spécialement celles qui concernent la création d’emploi et de revenus. « Nous voudrions que l’argent débloqué par l’État puisse atterrir entre de bonnes mains », précisent-ils. Au regard des nombreux t-shirt et pagnes aux couleurs du CDP dans la salle, ils n’étaient sans doute pas les seuls acquis à la cause du parti.

Sans doute galvanisés par la déclaration finale de M. Kafando qui, en langue locale, n’a pas dissimulé sa volonté de voir la volonté du peuple s’exprimer sur la question de l’article 37, les jeunes gens ont affirmé leur volonté de voir le président sortant rempiler pour un nouveau mandat en 2015. Interrogés sur la montée de l’opposition, illustrée notamment par le succès que remporte le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), ces militants dévoués ont vivement exprimé leur rejet de ce nouveau parti dont les dirigeants ne sont, selon eux, que des « opportunistes ». « Pour nous, MPP veut dire Mouvement pilim pabé (« tromper pour avoir » en mooré) », ont-il conclu, le sourire aux lèvres. Au même moment, Assimi Kouanda demandait aux journalistes postés à l’extérieur de la salle de se concentrer sur les mesures sociales plutôt que sur les sujets « politiques ».

Une main tendue à la jeunesse

Concernant ces mesures, on peut noter que suite aux actions syndicales engagées pendant l’année 2013, le Gouvernement a mis la priorité sur la revalorisation de la rémunération des travailleur de la fonction publique avec, notamment, la mise en œuvre de la nouvelle grille indemnitaire évaluée à 54,7 milliards de F CFA. Cette mesure comprend également le relèvement des indemnités de stage de l’ordre de 58,06 % en moyenne. Par ailleurs, l’accent a été mis sur la création d’emploi, la formation et l’accès au financement, particulièrement pour les jeunes. Ces derniers bénéficieront également de mesures en faveur des universités avec une dotation exceptionnelle de 7 milliards de F CFA pour la réalisation d’infrastructures universitaires et une augmentation du taux mensuel des bourses d’étude des étudiants. Reste désormais à voir si la jeunesse burkinabè se montrera sensible à cette main que le Gouvernement semble lui tendre...

Pierre MARECZKO
Lefaso.net