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Lettre ouverte à la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) : Burkinabè n’est-il pas égal à Burkinabè ?

Dans cette lettre ouverte de la diaspora burkinabè en Espagne parvenue à la rédaction du Faso.net, la communauté burkinabè en Espagne se plaint d’avoir été oubliée dans la mise en place des démembrements de la CENI à l’étranger.

Monsieur le Président de la CENI,

Durant tout le mois de juillet, les burkinabè d’Espagne ont assisté par presse interposée à l’installation des commissions électorales indépendante d’Ambassades et de Consulats Généraux (CEIAM), (CEIC) un peu partout où il y a des représentations diplomatiques et/ou consulaires de notre pays à l’étranger. La diaspora burkinabè d’Espagne félicite cette démarche de la CENI qui tend vers la matérialisation de la participation des burkinabè « où qu’ils se trouvent », au processus électoral notamment aux scrutins présidentiels à venir.

Mais au grand dam de toute la communauté burkinabè d’Espagne, aucune mission de la CENI n’a été prévue en Espagne, malgré le nombre élevé de burkinabè qui y résident permanemment.

Oui, nous sommes sans ignorer que les CEIAM et CEIC sont uniquement installées dans les ambassades et consulats généraux. Oui, nous savons aussi que la juridiction de l’ambassade du Burkina Faso en France couvre aussi le royaume d’Espagne et le Portugal. Mais faut-il, pour des raisons structurelles, écarter près de quatre mille burkinabè qui souhaiteraient aussi être considérés comme des burkinabè à part entière ?

Rappelons que selon le recensement officiel et actualisé des autorités espagnoles, nous sommes 1.395 burkinabè qui résident légalement (avec carte de séjour) en Espagne. A ce chiffre, il faut ajouter les binationaux et ceux-ci qui n’ont pas encore été régularisés donc, n’entrant pas dans ces données chiffrés ci-dessus. C’est pour ainsi dire que le nombre réel de burkinabè d’Espagne s’évaluerait à près de 4.000 âmes si nous nous en tenons aux dires de responsables des différentes associations de burkinabè dans les 17 communautés autonomes que forme le royaume d’Espagne.

Certes, il se pourrait que notre nombre n’est pas déterminant pour changer la donne électorale mais nous savons aussi que la CENI a effectué des missions dans des pays (avec représentations diplomatique) qui sont très loin de posséder une « grande réserve » de citoyens burkinabè. Dans ces pays que nous ne citerons pas ici, très souvent le nombre de nos compatriotes se limite au personnel de l’Ambassade, des Organisations internationales et de quelques étudiants ou stagiaires qui sont pourtant appelés à rentrer définitivement d’un moment à l’autre…

Au-delà de ce constat, les Burkinabè d’Espagne participent énormément à la vie socio-politique et associatives du Faso sans compter leurs contributions pour un Burkina prospère à travers leurs divers apports personnels.

Monsieur le Président de la CENI,

Le vote n’est pas obligatoire mais demeure un bon acte civique…
Le vote n’est pas obligatoire mais son processus doit être le plus inclusif possible pour un État dit démocratique…
Le vote n’est pas obligatoire mais que tous ceux qui souhaiteraient voter puissent le faire dans les règles de l’art, si telle est l’intention de la CENI de faire voter les burkinabè de la diaspora. Car on ne peut atteindre de satisfécit à des élections tout en écartant délibérément une partie des citoyens pour ces mêmes élections.

Monsieur le président,

Avec tout le respect que vous doit la communauté burkinabè d’Espagne, aucun de nous ne compte parcourir au moins 1000 km pour aller se faire enrôler en France, puis refaire au moins 1000 km pour aller remplir notre devoir de citoyen en…. France ! Alors que l’essentiel des partis politiques de notre pays a sa représentation dans le pays de Cervantès.

Il faut aussi noter qu’en Espagne, bien qu’il n’y ait pas de Consulat général, nous avons quatre consulats honoraires qui sont tous fonctionnels et qui pourraient par exemple, servir de bureaux de vote pour les électeurs qui vivent en Espagne. Nous disons aussi que les lois et autres arrêtés, ce sont les hommes qui les font et qui les défont ; et nous Burkinabè d’Espagne, souhaiterions recevoir une délégation de la CENI pour des échanges dans le cadre du vote des burkinabè de l’étranger ; car nous ne nous reconnaissons pas comme la diaspora burkinabè de France quand bien même notre représentation diplomatique en France nous fait de temps à autre un clin d’œil.

La diaspora burkinabè d’Espagne a toujours lutté pour l’établissement d’un consulat général du Burkina en Espagne, sans résultat.

S’il vous plaît Monsieur le Président, ne nous faites pas responsables de ce vice de forme ! Car nous voulons aussi être des Burkinabè à plein régime.


Pour la Fédération des Associations de burkinabè d’Espagne & la Délégation (CSBE) des Burkinabè d’Espagne
Le porte-parole :
Roland ZONGO (
burkina-espagne@imk.es)