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Autorité supérieure de contrôle d’Etat : Luc Marius Ibriga prête serment

Nommé le 23 novembre 2014 contrôleur général d’Etat, Luc Marius Ibriga, a prêté serment dans la matinée de ce mercredi, 10 décembre 2014 devant les membres de la Cour de Cassation. L’enseignant de droits, défenseur des droits humains et des valeurs de bonne gouvernance est, ainsi, investi de tous les pouvoirs que lui confère le droit pour accomplir les missions à lui assignées.

C’est le 8 décembre dernier que le désormais contrôleur général d’Etat, Luc Marius Ibriga a sacrifié à la tradition de passation de service entre lui et son prédécesseur, Henri Bruno Bessin. Ce mercredi, 10 décembre, c’est devant une grande assistance qu’il a prêté serment devant l’autorité indiquée, la Cour de Cassation, réunie pour l’occasion. Après rappel des différents actes y afférents, suivi de la lecture des termes du serment, Luc Marius Ibriga « jure » de « remplir fidèlement » les missions qui lui sont confiées. Il est donc déclaré installé dans ses fonctions de contrôleur général d’Etat par le premier président de la Cour de Cassation, Thérèse Traoré. Elle a félicité le nouveau contrôleur général et également salué le travail abattu par celui sortant, Henri Bruno Bessin. Revisitant les nombreuses pages d’actions du nouveau promu, tant professionnellement que sur le plan de ses activités de défense des valeurs de bonne gouvernance, de démocratie et des droits de l’homme, Thérèse Traoré est arrivée à la conclusion que Luc Marius Ibriga mérite sa nomination à ce poste. Celui-ci dit mesurer l’ampleur de la tâche qui l’attend avec son équipe et prend pour repère, les termes du serment qu’il a prêté, à savoir « défendre les intérêts du Burkina Faso, en tout temps et en tout lieu ». C’est pourquoi, dit-il compter sur l’implication des différents maillons de la chaîne du travail pour le bonheur de tous les Burkinabè. « L’ASCE n’est pas un gendarme ; elle est une structure d’investigation et de contrôle qui, une fois qu’elle constate les faits, transmet à qui de droit le dossier, pour que justice soit rendue, soit au plan disciplinaire soit au plan judicaire », a précisé le contrôleur général pour illustrer la nécessité de la synergie d’action. Car, a-t-il expliqué, le travail que fait l’ASCE est un travail très technique et souvent en justice, certains dossiers ne rencontrent pas des compétences qui puissent les analyser pour aller au bout.



Le gel « des biens mal acquis » en vue ?

D’où sa suggestion de mettre en place des structures spécialisées pour la célérité de certains dossiers qui requièrent des compétences spécifiques. « Il est nécessaire d’avoir des bureaux d’instruction spécialisés dans la délinquance financière qui puissent véritablement prendre à bras-le-corps ces dossiers pour qu’ils trouvent une solution rapide. Car, vous comprenez que lorsqu’il s’agit de questions qui mettent en jeu des milliards et autres, un juge qui est simplement généraliste aura peut-être des difficultés à connaître les arcanes de la comptabilité ou de la finance. Mais, si nous travaillons à ce qu’il y ait des cabinets spécialisés d’instruction, je pense que les dossiers vont avancer », a-t-il plaidé. Le chantier prioritaire pour son institution est, dévoile-t-il, de faire le point sur la situation de la gestion de l’Etat actuel. « C’est la mission que le Président du Faso et le Premier ministre m’ont donnée. Ils veulent que l’on puisse faire le point de la situation afin qu’on sache à partir d’où on part pour pouvoir gérer demain le Burkina Faso », a-t-il insisté. Sur la demande de gel « des biens mal acquis par des dignitaires de l’ancien régime » exprimée par certaines organisations de la société civile, Luc Marius Ibriga indique que l’élément essentiel, c’est de faire en sorte que les « maigres ressources » du Burkina Faso soient utilisées de manière adéquate et que l’on puisse construire, au Burkina Faso, une véritable démocratie sociale, c’est-à-dire un partage équitable des ressources. « Une fois qu’on parle de biens mal acquis, cela suppose qu’on rende les biens à qui de droit. De ce point de vue, il est important pour l’Etat de faire un point général de l’utilisation des biens publics et, au besoin, de pouvoir récupérer les biens qui ont été mal acquis… », a-t-il soutenu.

L’ASCE, pour mémoire !

Créée en 2007, l’ASCE se veut une sorte d’instrument de moralisation dans la gestion du bien public en contribuant, efficacement, à la lutte contre l’impunité. Organe de contrôle de l’ordre administratif, l’institution est née de la fusion des attributions de trois structures de contrôle à savoir, la Haute Autorité de Coordination de la Lutte contre la Corruption (HACLC), l’Inspection Générale d’Etat (IGE) et la Coordination Nationale de Lutte contre la Fraude (CNLF). L’ASCE est chargée aussi de contrôler l’observation des textes législatifs et réglementaires qui régissent le fonctionnement administratif, financier et comptable dans tous les services publics de l’Etat, des collectivités territoriales et des établissements publics. Elle mène des investigations sur les pratiques de délinquance économique et de corruption au sein de l’administration concernant les personnes physiques et les personnes morales de droit privé. L’ASCE, c’est également le suivi de la mise en œuvre de ses recommandations et des recommandations des autres corps de contrôle de l’Etat. Elle peut saisir la justice de toute infraction commise par les services publics de l’Etat, des collectivités territoriales, des établissements publics et de tout organisme national investi de mission de service public, aux textes législatifs et réglementaires qui en régissent le fonctionnement administratif, financier et comptable et suivre les procédures en justice y afférentes tout au long de leur déroulement. L’institution assure, en outre, le suivi de la mise en œuvre des politiques nationales de lutte contre la corruption, ainsi que la coordination des actions menées dans ce cadre ; assure la coordination technique de l’ensemble des organes de contrôle administratif et reçoit copie de tous les rapports établis par les organes de contrôle internes des départements ministériels, des institutions et des autres corps de contrôle.
L’ASCE peut être chargée par le Chef de l’Etat et le Chef du Gouvernement de toute étude ou enquête quel qu’en soit l’objet.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net