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Le Président Macky Sall au Burkina : Une visite d’évaluation de la transition

Le Président Macky Sall du Sénégal est arrivé ce matin à Ouagadougou. A en croire le Président du groupe de contact créé au lendemain de l’insurrection populaire dans notre pays, cette visite s’inscrit dans le cadre de l’évaluation de la transition politique en cours au Burkina Faso.

Il est 11h 20 à l’aéroport international de Ouagadougou quand l’avion du Président sénégalais foule le sol burkinabè. Pour l’accueillir, la hiérarchie administrative et militaire, le Président Michel Kafando et son Premier ministre Yacouba Isaac Zida en tête. Honneurs dus à son rang, hymne national du Sénégal, celui du Burkina Faso ensuite, l’on passe la troupe en revue avant la traditionnelle poignée de main avec les personnalités présentes. Les deux présidents s’engouffrent dans la salle d’honneur pour un tête-à-tête. Cette déclaration de Macky Sall quand ils en ressortent un quart d’heure après : « Je suis aujourd’hui à Ouagadougou dans le cadre de l’accompagnement que la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) fait aux autorités de la transition, d’abord au Président du Faso, au Gouvernement, au Conseil national de la transition, ainsi qu’à toutes les institutions burkinabè qui sont engagées dans cette transition. Je suis venu justement voir le Président Kafando, le Gouvernement et le Conseil national de transition ; faire le point avec eux pour pouvoir rendre compte à la CEDEAO. Comme vous le savez, il y a un groupe de suivi tripartite autour des Nations Unies, de l’Union Africaine, de la CEDEAO qui nous a précédé, qui a travaillé avec les autorités de la transition (…) C’est une visite normale qui entre dans le cadre des relations d’abord éternelles entre le Sénégal et le Burkina Faso, mais dans le cadre surtout de la mission du groupe de contact de la CEDEAO. »

« La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres »

On se souvient qu’hier, le Président sénégalais a interdit la vente de l’hebdomadaire français Charlie Hebdo dans son pays parce que celui- ci reprenait la caricature du prophète Mohamet. Comme un cheveu dans la soupe, le sujet s’est invité dans les échanges avec la presse. La réponse du Président sénégalais en intégralité : « J’avais décidé de réserver cette question à la presse sénégalaise puisque je rentre ce soir à Dakar. Depuis quatre jours, je suis hors du pays, mais comme vous m’interpellez, je voudrais d’abord vous dire que ma présence à Paris le dimanche 11 janvier aux côtés du Président François hollande, aux côtés du Gouvernement et du peuple français était une présence qu’il fallait comprendre comme une manifestation de solidarité face à une agression barbare que des français ont subie suite à la tuerie des membres de la Rédaction du Journal Charlie Hebdo. Bien entendu, à travers cette présence j’ai voulu indiquer que le Sénégal s’alignait face à ces méthodes barbares, intolérantes et inacceptables. Je voulais aussi apporter notre solidarité au Gouvernement et au peuple français qui a été très solidaire à l’Afrique. Rappelons- nous de ce qui s’est passé au Mali en 2013, n’eût été l’intervention du Président Hollande, de la force Serval, je pense que la sous-région aurait connu d’autres difficultés. Donc c’est cela le sens de la présence. Ce n’est pas d’être Charlie ou de ne pas être Charlie. Evidemment, la question maintenant de la liberté de la presse, elle se pose partout dans le monde. Nous sommes des partisans de la liberté de la presse. Mais la liberté de la presse ne doit pas, de notre point de vue, entraîner vers ce qu’on peut considérer comme une provocation tout à fait inutile. Parce que du point de vue peut-être des français, la caricature fait partie du dispositif de la liberté de la presse. De notre point de vue à nous, lorsque cette liberté s’exprime sur une matière extrêmement sensible comme la religion, nous disons attention ! Et lorsqu’on reprend la caricature du prophète Mahomet, pour le Président de la République du Sénégal que je suis, un pays à 95% musulman, je ne peux pas cautionner une telle publication. C’est aussi simple que cela. Donc le soutien à la France pour la lutte contre le terrorisme, il est resté constant. Et nous sommes pleinement engagés dans ce combat avec la France. Mais nous ne pouvons pas aussi, au nom de la liberté de la presse, ne pas réagir face à ce qui pourrait être des sources de tensions sérieuses sur l’ensemble de la planète. Parce qu’il faut savoir aussi que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. C’est dans la compréhension et la vue commune que nous pourrons ensemble respecter ce principe de liberté de presse, d’expression, d’opinion, mais aussi respecter la liberté de culte. Ceux qui croient en leur religion, il ne faut pas aller chercher des difficultés à leur prophète ou à leur croyance. Ça ne permet pas et ça ne facilite pas une coexistence pacifique. Voilà donc le sens de l’interdiction du journal qui ne remet pas en cause le soutien encore une fois fraternel et vivement exprimé à Paris le dimanche 11 janvier dernier. »
Le Président sénégalais devrait rencontrer cet après midi les forces vives de la Nation sur le processus de la transition, avant de reprendre son avion pour Dakar au Sénégal.

Samuel Somda
Lefaso.net