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Rentrée du Barreau burkinabè : Formation et lutte contre la corruption, les défis à relever

Le président du Faso, président du Conseil supérieur de la magistrature, Michel Kafando, a présidé dans la matinée du jeudi 19 mars 2015 à Ouagadougou, la cérémonie d’ouverture des activités marquant la rentrée solennelle 2015 du Barreau du Burkina Faso. Une rentrée couplée à la célébration du 25è anniversaire de l’existence dudit Barreau, le tout placé sous le thème « Gouvernance juridique et judiciaire des investissements en Afrique : quel rôle pour l’avocat ? ».

Comme il fallait s’y attendre, l’occasion a été celle de la mise à nue des réalités de la profession d’avocat dans notre pays. Une réalité marquée non seulement par l’impérieuse nécessité de formation – initiale et continue - des avocats, mais aussi par l’existence de la corruption. Cette réalité est encore actuelle dans un contexte, rappelle le président Michel Kafando, où le peuple burkinabè a donné, à travers l’insurrection populaire, un message clair exigeant de bâtir un autre modèle de société ayant pour fondements la justice sociale, le respect de la liberté et de la dignité humaine, mais aussi un système démocratique. Toute chose qui ne saurait s’accommoder d’un monde judiciaire corrompu, ni de l’incapacité des avocats à rendre la Justice juste et équitable. Il faut donc former, et il est absolument impératif d’éradiquer la corruption dans ce milieu.

C’est du moins, ce que préconise le Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Burkina, Me Mamadou Traoré. Pour lui en effet, - relevant au passage que « le nœud du problème de la Justice réside dans l’absence de formation » - « la formation conditionne la discipline, la maîtrise des règles éthiques et déontologiques ; elle conditionne aussi la compétence et la qualité du service ». Et au-delà, elle « constitue la condition de survie du barreau du Burkina ». La formation des avocats s’impose donc en impératif d’existence personnelle et institutionnelle. Ce d’autant plus qu’elle est, foi de Me Traoré, « une obligation légale » ; et surtout que l’on est dans « un monde globalisé et de concurrence exacerbée », particulièrement pour les avocats enclins à la conquête et à la conservation du marché.

Un avocat sans formation technique…

En plus d’être capitale à l’avocat lui-même et à son barreau, la formation met la société entière à l’abri de certaines dérives liées au manque de professionnalisme des avocats. Au rang de ces dérives, figure la corruption qui constitue, selon Me Mamadou Traoré, « le premier facteur de l’insécurité judiciaire ». Pour lui, « Un avocat sans formation technique, est un marchand ambulant et un corrupteur en puissance ». Il faut, préconise-t-il, sanctionner énergiquement ces cas de corruption ; car « la corruption en milieu judiciaire est inacceptable ».

L’occasion de cette cérémonie de rentrée solennelle, le Bâtonnier Mamadou Traoré l’a également saisie à la fois pour indiquer que « le Barreau est fermement engagé à recruter (de futurs avocats, ndlr) en tenant compte de l’environnement socio-économique », pour plaider en faveur de la mise en place d’un mécanisme d’assistance judiciaire véritablement accessible aux justiciables, pour promettre que « le Barreau participera pleinement » aux états généraux de la Justice – annoncés pour se tenir du 24 au 28 mars 2015 - et y « apportera sa contribution ». Mais déjà, Me Traoré dit s’interroger « sur la capacité de ces états généraux à régler l’épineux problème de la Justice dans notre pays ».

L’avocat ne doit pas lâcher la barre



L’occasion du jour a également été celle de la remise de prix aux lauréats – deux jeunes et brillants avocats, Me Dieudonné Willy et Me Olivier Yelkouny – du concours de plaidoirie. Si l’éloquente plaidoirie du premier devrait emporter la conviction de la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples à condamner l’Etat Libyen dans l’affaire qui l’oppose à Saïf al-Islam Kadhafi, le raisonnement posément démonstratif du second a fini par convaincre que l’avocat ne doit pas lâcher la barre, malgré les difficultés et critiques parfois acerbes à même de le décourager.

Signalons que cette cérémonie d’ouverture empreinte de haute solennité, a enregistré la présence du Premier ministre Yacouba Zida, du président du Conseil national de la Transition Chériff Sy, de présidents d’institutions dont celui du Conseil constitutionnel, du président de la Conférence internationale des barreaux Me Ameth Ba, du Secrétaire général de l’Union panafricaine des avocats Me Kari Abdoul Bagui, du vice-président de la Conférence des barreaux ce l’UEMOA Me Moussa Coulibaly, des Bâtonniers Me Pierre Yves Joly de Lyon, Me Seydou Sidiki Coulibaly du Mali, Me Francis Kamga Ngié du Cameroun, de Me et Agrégé des Facultés de droit Joseph Djogbnou, de bien d’autres Bâtonniers, du Corps diplomatique, et d’autres hautes personnalités du monde de la défense et du conseil juridiques et judiciaires.

Fulbert Paré
Lefaso.net