Présidentielle du 11 octobre 2015 : Entre peur, stratégies d’alliance et « deal politique » ! ( ?)
Dans seulement une quarantaine de jours, les Burkinabè seront appelés aux urnes pour faire le choix de celui qu’ils estiment être à mesure de présider la destinée de leur pays. Du côté de la CENI, les petits sont déjà dans les grands. Au stade actuel, les regards sont dirigés vers le Conseil constitutionnel, l’institution chargée de livrer le « visa » pour la compétition du 11 octobre prochain. Du reste, au titre de la Présidentielle, l’institution a déjà annoncé les couleurs par la publication de la liste provisoire le week-end écoulé. Un premier acte de tamisage avec son cortège de ‘’victimes’’ de la liste des 22 candidats ayant déposé leur candidature. Aux Eddie Komboïgo du CDP et Gilbert Noël Ouédraogo de l’ADF/RDA, déclarés les jours précédents « inéligibles » pour les législatives, s’ajoutent quatre autres candidats pour, cette fois-ci avoir, ‘’oublié’’ de payer leur caution de 25 millions FCFA ou de joindre leur casier judiciaire aux dossiers requis.
Une liste de seize candidats est donc ‘’préétablie’’ et soumise à éventuelle action des candidats. Chacun doit désormais assumer ses propos et sa conviction : qui a fait quoi ou que reproche-t-on à qui ? « Tout près n’est pas loin », dit-on dans certains milieux pour exprimer que les très prochains jours vont trouver réponse à tout cela.
Mais en attendant, une oreille indiscrète au sein d’états-majors de partis politiques montre bien que l’heure est studieuse. « Je ne sors plus ces temps-ci, je suis en train de ficeler mon recours avec soin…. », confie un responsable politique en course pour la présidentielle en fin de matinée de ce jeudi, 3 septembre. Estimant qu’il faut envoyer à leur propriétaire, le cadeau que Père Noël a oublié d’apporter.
Toujours dans le même élan, quelques heures après la publication de la liste provisoire, des cadres du CDP avaient clairement affiché leur intention de piper mot par l’introduction d’un recours contre certains sur cette liste provisoire. C’est dire qu’ils sont peu de candidats à avoir le sommeil tranquille actuellement. A 72 heures de la clôture du dépôt des recours, ça bouge, et même très fort.
Parlant toujours de surprises, elles pourraient également venir d’ailleurs, surtout de la carte des alliances qui se dessinent ou se susurrent. A ce niveau également, l’heure est aux derniers réglages et la semaine du 7 septembre pourrait annoncer déjà des couleurs. En politique, il n’y a pas d’alliance contre-nature, dit-on, et la Présidentielle du 11 octobre illustrera indubitablement cette assertion. Et des sources proches du dossier annoncent l’allégeance de plus d’une dizaine de partis à un parti politique de l’ex-CFOP-BF (Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso). La signature de convention de ce « Front de progrès ... » est attendue, selon elles, dans les « tout prochains jours » car, « tout est fin prêt ».
Un « deal politique » en perspective ?
Bien que mis sur la touche, l’ex-parti au pouvoir ne démord pas. Convaincu qu’il prendra part à la présidentielle avec son candidat, le candidat du CDP. Mieux, le revirement de langage de son président, Eddie Komboïgo, lors de son meeting régional du centre tenu le samedi dernier laisse de nombreux observateurs dans un état d’analyses sur ce qui pourrait se dessiner sur la scène politique nationale les jours à venir.
Si la déclaration d’inéligibilité des siens aux législatives ‘’a suffi’’ à faire sortir les responsables du parti de leurs gonds, l’on doute fort que l’invalidation de la candidature de leur « homme fort » soit reçue avec autant de « fair-play ». Surtout que le président du parti est entré dans la cuvette du stade quelques minutes seulement après la publication de la liste par le Conseil constitutionnel ! Mais, contre toute attente, c’est un Eddie Komboïgo plein de punch, qui n‘a de cesse fait le ‘’tour’’ du stade en pas de danses, que ses militants ont perçu en cette soirée. En tout cas, Eddie et ses camarades semblent convaincus que rien n’est encore joué pour cette présidentielle. S’entendent-ils à l’incarnation d’un « plan B » qui s’offre à eux ou à un compromis entre acteurs de la classe politique ? Rien n’est moins sûr à ce stade, surtout dans ce monde où la politique a ses raisons que l’opinion publique ignore !
Renforcés dans nos interrogations par les propos d’un responsable politique, quelques jours avant la publication de la liste : « aucun deal politique n’est encore possible ». Sans autres commentaires.
Toujours dans la dynamique de parallélisme des faits et propos, on peut être renforcé par les propos de ce leader communautaire qui (dans la même soirée de la publication de la liste provisoire, et se référant au ton de Eddie Komboïgo au meeting du jour) avait confié à mots voilés que des démarches avaient été entreprises par des ‘’personnes-ressources’’ auprès des leaders du CDP aux fins de les exhorter à renoncer à leurs projets notamment à la désobéissance civile et au boycott des élections. Selon ce responsable, il s’est agi pour le ‘’groupe’’ de convaincre l’ex-parti au pouvoir que de telles positions peuvent détériorer encore l’atmosphère politique et mettre à mal la paix au Burkina.
Est-ce l’ensemble de tout ceci qui explique le « revirement » du premier responsable du CDP ? Bien malin, qui saurait répondre !
Ce qui est sûr, la suite du chemin réserve sans doute des surprises. Et en tous les cas, pourvu que tout ce qui se passera au sein de la classe politique aille dans l’intérêt général et dans l’esprit de préservation de la paix.
Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net
