L'Ambassadeur des États Unis au Burkina Faso a été fait officier de l'Odre National
L’ambassadeur des Etats- Unis d’Amérique dans notre pays a été fait officier de l’ordre national par le premier ministre Yacouba Isaac Zida. Une cérémonie de décoration qui a vu administrer le surnom « Sid Pawalmdé » au diplomate yankee. « Sid Pawalmdé » de la langue nationale mooré, « la vérité ne se chuchote pas ».
Dans la salle polyvalente du palais de Kosyam ce mercredi matin, des agents de l’Ambassade des Etats- Unis dans notre pays, et la partie burkinabè pour faire honneur à un seul homme : Dr Tulinabo Mushingi, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du pays de l’Oncle Sam au pays des hommes intègres depuis plus de deux ans maintenant. Avant de lui épingler l’insigne d’Officier de l’ordre national du Burkina Faso, il a plu au Premier ministre Yacouba Isaac Zida de réaffirmer ce qu’il tient pour vrai : « Les relations entre les Etats- unis et le Burkina Faso ne seront plus jamais comme avant ». Parce que l’ambassadeur américain a « choisi d’être au côté du peuple, donc du côté de la vérité, de la justice, de la liberté et de la démocratie », le premier ministre à cette occasion a, « au nom du peuple burkinabè », administré au diplomate le surnom Sid Pawalmdé, « la vérité ne se chuchote pas », en langue nationale mooré.
Mushingi, un homme de vérité ?
De positions tranchées, le diplomate américain en aura été familier. Dans la tentative du coup d’Etat de septembre dernier, on se rappelle que le diplomate américain d’origine congolaise a été le seul ambassadeur à condamner dès les premiers moments l’initiative du général Diendéré et de ses hommes. Alors que le président, son premier ministre et deux membres de son gouvernement étaient gardés en détention par des soldats, une invite à libérer les « otages » et à déposer les armes avait été adressée aux putschistes. Sans autre forme de procès.
On se rappelle encore les propos en dérision du diplomate sur les stades remplis recto verso, en référence à la guerre de mobilisation que se livraient les différents protagonistes dans le projet de modification de l’article 37 de notre constitution. Laquelle modification devait offrir un nouveau bail au président sortant Blaise Compaoré. C’était la course à qui mobiliserait le plus de partisans pour conforter sa position. Dr Tulinabo Mushingi n’avait alors pas hésité à afficher son opposition ferme et celle de son pays à ce qu’il appelait « Lenga » (un bonus, dans nos langues nationales). « Il n’y aura pas de lenga », avait- il souvent clamé un brin taquin, mais tout aussi sérieux. Ce qui le faisait passer aux yeux de certains pour le diplomate le plus engagé dans le combat contre la modification de la constitution dans notre pays, pendant qu’au même moment certains criaient à l’ingérence dans les affaires internes du Burkina Faso. Du côté des services de l’ambassade l’on rappelait une position de principe sur les valeurs de la démocratie.
Les autorités de la transition installées après la fuite du président Comaporé, Dr Mushingi voyait comme priorité des burkinabè l’organisation de l’élection présidentielle pour un retour à l’ordre constitutionnel normal. Et quand le débat était ramené à la qualité des hommes qui dirigent la transition burkinabè, il appelait à la nuance. « Qu’elle soit parfaite ou non, nous devons accompagner l’équipe actuelle ; travailler avec ses perfections ou imperfections, sa faiblesse ou sa force pour arriver aux élections. Ce qu’il faut savoir, c’est que dans ce monde, aucune équipe n’est parfaite », avait- il lâché au cours d’une de ses tournées à l’Ouest du pays.
Une diplomatie de terrain
Le terrain, le diplomate américain l’aura pratiqué. Dans sa tournée entreprise pour rencontrer les populations de différentes régions du pays (le roadshow comme ils l’ont appelée), l’on aura vu le diplomate quinquagénaire dans diverses postures. On l’a vu tapotant des écoliers dans le Burkina profond dans une familiarité déconcertante, ou portant à bout de bras des enfants au contact de certaines populations. On l’a aussi aperçu assurant la cuisine en plein air ou dansant le binon (danse traditionnelle gourounsi) avec des populations. Une opération de charme ? Sans nul doute, mais cela ne devrait pas enlever au mérite de l’homme. D’ailleurs c’est à peine s’il ne met pas au défi quiconque pourrait trouver un mets burkinabè auquel il n’aurait pas goûté.
Certains le disent, Dr Mushingi peut se vanter d’être le diplomate le plus au fait des réalités du Burkinabè. Un diplomate atypique s’il en est. Et pour beaucoup, cette distinction est une juste reconnaissance des mérites du représentant d’un pays ami du Burkina Faso. Un observateur de la scène politique d’ajouter : « Rares de personnes honnêtes auraient à redire sur cette distinction, sauf à regretter que l’ambassadeur n’ait pas été proposé à une distinction beaucoup plus élevée ». Le diplomate quant à lui s’est dit « très honoré », félicitant au passage les Burkinabè qui ont su persévérer malgré les obstacles qui ont jalonné le parcours ayant conduit aux récentes élections. Ces obstacles qu’il a insidieusement qualifiés de « gendarmes couchés ». Toujours avec le même humour.
L’Ordre national, faut- il le rappeler, est destiné à récompenser le mérite personnel et les services éminents, civils ou militaires, rendus à la nation. Les membres des Ordres nationaux sont nommés à vie, sauf cas d’exclusion. Ils ont droit à des honneurs et préséances. Et le grade d’officier de l’ordre national dont vient d’être gratifié l’ambassadeur américain, est la quatrième plus prestigieuse des distinctions honorifiques que compte notre pays.
Samuel Somda
Herman Bassolé
Lefaso.net