Au Burkina Faso, Ibrahim Traoré crée un orchestre pour booster la reconquête du territoire
Créé par un récent décret présidentiel, un ensemble musical de la présidence du Burkina Faso devra faire rayonner l’image de l’institution, promouvoir la culture nationale et soutenir les troupes – moralement et psychologiquement.

La musique n’adoucit peut-être pas les mœurs des jihadistes et les groupes armés terroristes qui sévissent au Sahel ne seront certainement pas réduits à la simple force des décibels. Mais le régime de transition burkinabè a foi en l’effet mobilisateur que les mélopées peuvent avoir sur les soldats et les civils. C’est ainsi qu’un décret présidentiel burkinabè du 13 février dernier porte création d’un « orchestre de la présidence du Faso » dont l’ultime « mission » est « de participer au soutien moral et psychologique des troupes ».
L’ensemble musical ainsi créé est rattaché à l’état-major particulier de la présidence du Faso et placé sous la direction d’un « chef d’orchestre, officier, spécialiste de la musique, nommé par décret du président du Faso ».
Depuis le coup d’État du capitaine Ibrahim Traoré, les discours néosouverainistes sont truffés d’appels au patriotisme, ce qui a pour conséquence de multiplier les diffusions ou exécutions du Ditanyé, l’hymne national qui rythme des levées de couleurs remises à la mode et souvent agrémentées de discours pédagogiques sur les comportements civiques.
Portées sankaristes
Si l’orchestre de la présidence burkinabè ne peut pas être au four et au moulin du nouveau militantisme nationaliste, il devra « assurer à la demande le bon déroulement et l’exécution pratique des cérémonies militaires ou civiles d’envergure nationale » ou « promouvoir la culture burkinabè ». L’ensemble musical nouvellement créé sera, on l’imagine, majoritairement composé de militaires et de paramilitaires – même si le décret n’exclut pas la signature de contrats avec « tout personnel civil », même « n’ayant pas la qualité d’agent public ».
A lire :Une chanson de country en hommage à Ibrahim Traoré fait le buzz
Au Burkina Faso, les milieux du show-business et de l’armée n’ont jamais été totalement hermétiques l’un à l’autre. Le 12 septembre dernier, le maréchal des logis chef de gendarmerie Siogo Mardocher Privat Yad, alias « Privat », sortait un premier album, avec le titre « Sofaga » présenté comme un « hymne de galvanisation ». On se souvient que le culte capitaine Thomas Sankara aimait lui-même gratter les cordes d’une guitare… Champions de la mobilisation propagandiste, les soutiens du régime burkinabè ne négligent, eux non plus, aucune corde d’aucun arc.
Sur un ton moins martial qu’un orchestre militaire, des chansons à la gloire du capitaine Ibrahim Traoré essaiment ainsi les réseaux sociaux, même si elles fleurent la manipulation à forte dose d’intelligence artificielle. Cosmétique ? L’une des quatre missions de l’orchestre de la présidence du Burkina Faso est bien de « contribuer au rayonnement de l’image de la Présidence du Faso sur les plans national et international ».

La musique n’adoucit peut-être pas les mœurs des jihadistes et les groupes armés terroristes qui sévissent au Sahel ne seront certainement pas réduits à la simple force des décibels. Mais le régime de transition burkinabè a foi en l’effet mobilisateur que les mélopées peuvent avoir sur les soldats et les civils. C’est ainsi qu’un décret présidentiel burkinabè du 13 février dernier porte création d’un « orchestre de la présidence du Faso » dont l’ultime « mission » est « de participer au soutien moral et psychologique des troupes ».
L’ensemble musical ainsi créé est rattaché à l’état-major particulier de la présidence du Faso et placé sous la direction d’un « chef d’orchestre, officier, spécialiste de la musique, nommé par décret du président du Faso ».
Depuis le coup d’État du capitaine Ibrahim Traoré, les discours néosouverainistes sont truffés d’appels au patriotisme, ce qui a pour conséquence de multiplier les diffusions ou exécutions du Ditanyé, l’hymne national qui rythme des levées de couleurs remises à la mode et souvent agrémentées de discours pédagogiques sur les comportements civiques.
Portées sankaristes
Si l’orchestre de la présidence burkinabè ne peut pas être au four et au moulin du nouveau militantisme nationaliste, il devra « assurer à la demande le bon déroulement et l’exécution pratique des cérémonies militaires ou civiles d’envergure nationale » ou « promouvoir la culture burkinabè ». L’ensemble musical nouvellement créé sera, on l’imagine, majoritairement composé de militaires et de paramilitaires – même si le décret n’exclut pas la signature de contrats avec « tout personnel civil », même « n’ayant pas la qualité d’agent public ».
A lire :Une chanson de country en hommage à Ibrahim Traoré fait le buzz
Au Burkina Faso, les milieux du show-business et de l’armée n’ont jamais été totalement hermétiques l’un à l’autre. Le 12 septembre dernier, le maréchal des logis chef de gendarmerie Siogo Mardocher Privat Yad, alias « Privat », sortait un premier album, avec le titre « Sofaga » présenté comme un « hymne de galvanisation ». On se souvient que le culte capitaine Thomas Sankara aimait lui-même gratter les cordes d’une guitare… Champions de la mobilisation propagandiste, les soutiens du régime burkinabè ne négligent, eux non plus, aucune corde d’aucun arc.
Sur un ton moins martial qu’un orchestre militaire, des chansons à la gloire du capitaine Ibrahim Traoré essaiment ainsi les réseaux sociaux, même si elles fleurent la manipulation à forte dose d’intelligence artificielle. Cosmétique ? L’une des quatre missions de l’orchestre de la présidence du Burkina Faso est bien de « contribuer au rayonnement de l’image de la Présidence du Faso sur les plans national et international ».