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A Madrid, un nouveau sommet Afrique-Espagne pour consolider un partenariat encore modeste
Madrid

(Agence Ecofin) - Les deux partenaires se réunissent une troisième fois pour un sommet bilatéral dans un contexte où leurs échanges commerciaux ont totalisé au premier semestre 2024 près de 35 milliards $. L’Espagne veut consolider sa présence sur le continent en misant sur plusieurs secteurs importants.

Le troisième sommet Afrique-Espagne s’est ouvert dimanche 6 juillet 2025 à Madrid (la capitale espagnole), en présence du secrétaire général de la Zlecaf ainsi que des représentants de plusieurs pays, dont la Côte d’Ivoire, le Togo ou encore la Somalie. L’événement, qui s’étale sur trois jours, prévoit plusieurs tables rondes rassemblant environ 70 intervenants africains et espagnols autour d’un objectif, celui d’approfondir les liens commerciaux entre les deux parties.

La présence espagnole en Afrique reste encore modeste, mais le pays ambitionne de devenir un acteur de référence dans plusieurs secteurs stratégiques. Selon RFI, les secteurs prioritaires de cette coopération incluent la construction, les énergies renouvelables, le dessalement de l’eau et la pharmacie. Le gouvernement espagnol souhaite également mettre en avant son nouveau réseau de Chambres de commerce en Afrique pour appuyer la formation professionnelle, notamment des jeunes, dans le cadre d’une stratégie articulée avec la lutte contre l’immigration irrégulière.

« L'Afrique est un continent immense et une action coordonnée et une perspective réaliste sont nécessaires […]. Deux millions d'Africains vivent en Espagne et nous devons dialoguer avec eux », a déclaré Diego Martínez Belío, secrétaire d'État aux Affaires étrangères du Royaume d'Espagne, selon des propos rapportés par la plateforme Atalayar.

Le sommet s’inscrit dans une stratégie espagnole plus large de renforcement des liens économiques et diplomatiques avec l’Afrique, à travers le plan Espagne-Afrique 2025-2028. Pour Madrid, il s’agit d’exploiter davantage la proximité géographique, de sécuriser des approvisionnements stratégiques (gaz, pétrole, produits de la mer) et de positionner ses entreprises sur les marchés africains émergents.

La dynamique s’observe depuis quelques années maintenant, avec quelques développements récents. En mai dernier, l’Agence Ecofin rapportait le financement à hauteur de 381 millions de dollars par Madrid d’une usine de dessalement au Maroc, la plus grande du continent, portée par Acciona aux côtés d’acteurs marocains. De même, au Nigeria, principal fournisseur de pétrole de l’Espagne, un protocole d’accord a été signé en mars 2025 pour instituer des consultations diplomatiques régulières. Avant cela, un accord pour la formation d’incubateurs de PME a été conclu fin 2023 entre l’Espagne et le Cameroun.

D’après les données de Trade Map, l’Afrique a importé en 2024 pour 20,7 milliards de dollars de produits espagnols, tandis que les exportations du continent vers l’Espagne ont atteint 35,7 milliards de dollars. Le Maroc reste le premier partenaire commercial de la nation ibérique en Afrique, suivi de pays comme l’Algérie, le Nigeria, la Libye ou encore l’Afrique du Sud.

La suite des relations ibéro-africaines se jouera sur plusieurs terrains, notamment celui de la coordination avec les cadres continentaux africains tels que la ZLECAf ou l’Agenda 2063. Le sommet en cours suscite des interrogations quant à la capacité de l’Espagne à transformer ses annonces en projets structurants dans le reste du continent, au-delà de ses partenaires traditionnels. L’émergence de nouvelles tensions commerciales, comme les différends sur les tomates marocaines, pourrait aussi compliquer certains volets de la coopération, en particulier avec le Maghreb. L’évolution concrète des engagements espagnols permettra de clarifier le rôle que le pays souhaite jouer dans les chaînes de valeur africaines face à la concurrence croissante de pays comme la Chine, la Turquie ou les États du Golfe.