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Le Consul Honoraire du Burkina Faso à Valencia (Espagne): « Mon défi c’est dynamiser les relations entre nos deux pays


Monsieur Hilario TERUEL MONTANER est le Consul Honoraire du Burkina Faso à Valencia (Espagne) depuis Novembre 2010. Nous l’avons rencontré dans son bureau de fonction pour qu’il nous parle un peu de sa fonction, du niveau de relations d’amitié et de coopération entre le Burkina et la communauté Valencienne et aussi pour en savoir plus sur les burkinabè d’Espagne. C’était en marge d’une rencontre de travail entre son institution et l’Association des Burkinabè de Valencia à laquelle Lefaso.net était convié. Lisez-plutôt !

Bonjour M. le Consul. Vous êtes donc le représentant des Burkinabè de la communauté valencienne. Pouvez-vous nous parler de vos liens avec le Burkina Faso au point que les hautes autorités portent leur choix sur vous pour représenter les burkinabé?

Bonjour M. ZONGO et merci de nous rendre cette visite de courtoisie. Je précise que je suis plutôt Consul Honoraire. Pour répondre à votre question, les autorités burkinabè mon accrédité du poste de consul honoraire du fait de ma relative connaissance du Burkina et aussi des liens d’amitié que j’entretiens avec bon nombre de burkinabè de toute classe sociale ici comme là-bas au Faso. C’est sans doute pour ces raisons que le choix des autorités burkinabè s’est porté sur ma personne. Je profite d’ailleurs de votre tribune pour renouveler ma reconnaissance auprès des hautes autorités du Faso. J’ai senti cette nomination comme une très grande responsabilité que le pays me confiait. Je suis un amoureux du Burkina et je conjuguerai tous les efforts nécessaires pour consolider les relations entre nos deux pays.

Faites-nous le point sur le nombre des burkinabè de l’Espagne et de Valencia, votre région de compétence.

Lorsque j’ai reçu mon accréditation, le premier acte que j’ai posé c’était de demander à l’administration espagnole de me communiquer toutes les données sur les immigrés Burkinabè. C’est ainsi que j’ai pu savoir que le dernier recensement effectué en janvier 2010 fait état de 1131 burkinabè dont 859 hommes et 272 femmes. Mais ces données datent déjà de plus de deux ans et ne prennent pas en compte ceux qui sont en situation irrégulière. Je dirai donc qu’il y aurait un peu plus de 2000 burkinabè sur le sol espagnol.

Vous faites partie d’un petit cercle que forment les espagnols au Burkina Faso. L’Espagne est à la fois proche et loin de l’Afrique. Les investisseurs et les coopérants espagnols ne courent pas la rue dans notre pays.

A oui ? Existe-t-il un petit cercle réservé exclusivement aux espagnols ? Je ne crois pas.

Au fait, je voulais dire que la présence des espagnols est bien moindre dans notre pays. A part les religieux et quelques représentants d’ONGs.

Vous savez, beaucoup d’espagnols ne connaissent pas le Burkina. Il y en a qui vont te demander si c’est le nom d’une île ou d’une ville. C’est qu’il faut remonter souvent dans l’histoire pour trouver réponse à certaines choses. Pour des raisons historiques, L’Espagne a plutôt privilégié les pays de l’Amérique Latine dans ses relations de coopération et de partenariat économique. En effet, la présence espagnole est relativement moindre en Afrique en comparant avec d’autres pays partenaires de développement. Mais nous sommes désormais dans un monde très dynamique ; un monde qui se réduit en un village planétaire grâce aux grandes transformations. De nos jours, il n’y a plus de barrière mentale entre les peuples. Moi en tant que consul honoraire du Burkina à Valencia, je contribue à ma façon au renforcement des liens entre le Burkina et l’Espagne.

Dans quels secteurs d’activités trouve-t-on le plus souvent les burkinabè d’Espagne?

D’abord, il faut comprendre que le fait de ne pas maitriser parfaitement une langue réduit les possibilités d’un immigré dans sa recherche d’emploi. C’est une réalité pour tous les collectifs d’immigrés dans le monde. Quant aux burkinabè d’Espagne, le plus souvent ils travaillent dans la construction, les champs, les usines. Quelques-uns mènent leurs propres activités. Mais cela ne veut pas dire qu’ils sont moins intégrés. Je sais que la plupart des burkinabè d’Espagne parlent couramment l’espagnole sans parler de la génération montante qui est née ou a grandi en Espagne.

Les immigrés burkinabè vous parlent-ils de leurs difficultés ? quels sont les problèmes les plus courants qui les amènent à vous?

Comme vous devez le savoir aussi, burkinabè sont réputés pour leur sérieux et leur grand esprit où qu’ils aillent. Il est très rare de trouver les immigrés burkinabè dans les délits de droits communs à différence des immigrés d’autres pays. Les problèmes que nous traitons habituellement sont d’ordre institutionnel. Par exemple, des personnes sans-papiers qui sont arrêtés par la police et contre lesquelles est entamée une procédure de rapatriement. Je suis aussi en contact permanent avec l’Association des Burkinabè de Valencia. Nous travaillons régulièrement ensemble pour soulager la vie des immigrés burkinabè de la communauté de Valencia. Car à cause de la crise qui frappe la zone euro, beaucoup ont perdu leur emploi. Espérons que la récupération économique viendra bientôt. Cette fois-ci nous nous réunissons pour décider de la mise en place d’un site internet qui servirait de canal global de communication.

Et vous, quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de votre fonction de Consul?

A mon niveau on peut dire que ça va. C’est vrai que je rencontre parfois quelques difficultés dans des situations où la police me notifie l’arrestation des personnes sans-papiers. Comme je ne peux pas vérifier s’ils sont réellement des burkinabè, alors les forces de l’ordre et moi nous discutons souvent. Je vous raconte une anecdote : Lorsque par téléphone j’essayai de convaincre un responsable de la police des frontières qu’il se pourrait que certaines des personnes arrêtées ne seraient pas des burkinabè, il me demanda pourquoi ces personnes choisiraient de dire qu’ils étaient burkinabè alors qu’ils ne l’étaient pas. Je lui ai expliqué que grâce à la bonne renommée des burkinabè, beaucoup d’immigrés africains pensent qu’en disant qu’ils sont du Burkina ils auraient la faveur des autorités. Bref, ce fonctionnaire de la police a été impressionné davantage lorsque je lui ai dit la signification du nom donné à votre pays (NDLR : le pays des hommes intègres) que je considère aussi comme mon second pays.

La diaspora burkinabè de l’Espagne relève de l’Ambassade du Burkina en France. Quels sont vos rapports avec notre ambassade qui se trouve à Paris ?

J’avoue que depuis ma nomination, j’ai toujours entretenu de très bons rapports avec la représentation diplomatique à Paris. Nous profitons des cadres de réflexions institués par l’ambassade dans le but d’exposer les problèmes et autres difficultés que nous rencontrons dans l’exercice de notre fonction de Consul. J’en profite d’ailleurs pour remercier son Excellence M. Joseph PARÉ et tout le personnel de l’Ambassade qui ont toujours réagi de manière prompte lorsque je m'adresse à eux pour tel ou tel dossier. Nous sommes en contact permanent. Je viens d’ailleurs de faire part de notre projet de site internet du consulat à son Excellence M. l’Ambassadeur.

Parlez-nous un peu de vos rapports avec l’Association des Burkinabè de Valencia?

Comme je vous l’ai annoncé au début, l’Association des Burkinabè de Valencia et moi formons une belle équipe. Dernièrement nous voulons aller plus loin dans cette collaboration en faisant bénéficier les régions vulnérables du Burkina des fruits de notre projet et aussi en offrant de grandes opportunités aux hommes d’affaires de nos deux États afin d’optimiser nos relations d’amitié. Ce sera à travers la mise en place d’une plateforme de partenariat socio-économique.

Dites-nous de quoi s’agira-t-il concrètement ? Est-ce à dire qu’il faut s’attendre à des relations de partenariat économique gagnant-gagnant entre nos deux pays?

Vous savez, au Burkina il existe encore d’énormes possibilités, ce qui n’est pas le cas de la vieille Europe où tous les secteurs d’activités sont saturés depuis longtemps. Les opportunités se trouvent maintenant dans les pays en développement où beaucoup de secteurs d’activités sont quasiment inexploités. Nous avons pensé avec l’ABIV que nous pouvons servir d’intermédiaire pour attirer les investisseurs espagnols au Burkina et aussi offrir aux hommes d’affaires burkinabè les opportunités dans le domaine de l’import-export. Pour cela, il est primordial de créer un site internet avec nom de domaine propre qui servira de véhicule pour les opportunités bidirectionnelles qui se présenteront.

Merci de votre contribution pour le rayonnement du Burkina dans votre pays d’origine. Du côté du Burkina nous attendons avec impatience les investisseurs espagnols et aussi des projets de développement solidaire.

Pour les projets de développement solidaire, c’est tellement une évidence que je n’ai pas voulu en parler ici. Bien sûr que nous sommes sensibles à l’avancée de la pauvreté et aux conditions de vie des habitants de certaines zones vulnérables du Burkina. En plus cette année, l’énorme déficit pluviométrique a provoqué de réelles menaces de famine dans toute la sous-région. Les autorités burkinabè ont déjà sonné l’alarme au niveau international. Nous supposons que chacun à son niveau concilie les efforts pour aider les régions menacées. Au niveau de Valencia, l’ABIV, la Croix Rouge Valencienne et moi-même sommes en train de coordonner les actions nécessaires. Vous en serez informé en temps opportun. Je vous remercie !

Interview réalisé par Roland ZONGO SANOU