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Karidia FRIGGIT/KONATÉ : Parcours atypique d’un consul à Madrid (1/2)
 

Madame Karidia FRIGGIT est consul honoraire du Burkina Faso à Madrid. Même s’il est vrai que pour des raisons de procédure administrative elle n’est pas complètement officialisée tant du côté burkinabè qu’espagnol; Mme FRIGGIT n’en fait pas pour autant un handicap dans l’exercice de ses fonctions consulaires. Preuve en est que dernièrement (du 23 au 28 avril), elle a reçu une délégation officielle venue du Burkina dans le but de faciliter les démarches administratives à nos compatriotes du côté d’Espagne. En plus des membres du Conseil Supérieur des Burkinabè de l’Étranger qui relève du Ministère des Affaires Étrangères, la délégation était aussi composée de représentants de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) et de la Société Nationale (SONATUR). Ces deux dernières institutions  étaient aussi à Madrid dans le but d’offrir leurs services aux burkinabè d’Espagne. Cependant, avant de nous intéresser à sa fonction de consul, nous avons voulu mieux connaitre cette dame dont tout le monde parle en bien et qui reste toujours égale à elle-même où qu’elle se trouve. Bon gré mal gré, Karidia s’est vu coller le surnom «tantine des personnes en difficultés ».

Avec une maîtrise d’anglais en poche ou plutôt dans le sac à main; pour être parfaitement bilingue, Karidia KONATÉ était  prédestinée à parcourir le monde sans se buter à une quelconque barrière linguistique. Mais ce n’est pas pour autant le goût de l’aventure qui l’a fait faire le tour du monde à Karidia. Depuis qu’elle a rencontré l’Amour il y’a un peu plus de 20 ans en la personne de François, un parisien, la désormais Madame FRIGGIT n’a plus arrêté son périple à cause du travail de son époux : de Paris à Madrid en passant par Londres et New York, on peut dire qu’en plus d’accumuler des expériences professionnelle, Karidia est pétrie d’expérience de la vie. Tantôt mère au foyer pour ses quatre enfants, tantôt assistante de Direction si elle n’est pas interprète ou conseillère psychologique.

 « Malgré tous mes diplômes je me définis plutôt comme une maman, une sœur et la tantine attentive de tous». Nous dit-elle. Alors qu’elle travaillait comme assistante de Direction au siège du Crédit Lyonnais à Paris, notre bonne dame a préféré abandonner son poste pour suivre son époux avec leurs enfants à New York. Une nouvelle vie venait de commencer : «en partant à New York, j’avais décidé de prendre quelques années sabbatiques tout en les consacrant exclusivement à ma famille. Durant trois années, j’ai profité intensément de mes enfants et de mon époux (…) j’avoue que ça m’a rendu tellement heureuse… » Nous fait comprendre Madame FRIGGIT.

Cependant, le séjour de New York  n’était que le début d’une aventure qui amènera la famille FRIGGIT  dans d’autres grandes capitales mondiales comme Londres et Madrid. Chose curieuse ;  en changeant de pays, Karidia prend toujours le soin de changer d’objectif, de « casquette ». Comme quoi, le « copier-coller », ça ne lui convient pas du tout. « Un pays, un Objectif », telle serait sa devise ?

 « … Bien qu’ayant  quatre enfants,  la vie de femme au foyer (ndlr : à Londres) ne me suffisait plus. J’ai eu un désir frénétique de m’instruire et de continuer à aider les autres sans me perdre. J’ai ainsi entamé des études d’interprète, puis de  counselling (conseillère psychologique)  et de Fasciathérapie MDB. » C’est ainsi que pendant les sept années qu’a duré le séjour londonien de la famille FRIGGIT, Karidia s’adonnait à cœur-joie à des œuvres sociales au profit des Burkinabè en particulier et d’autres africains qui se trouvaient dans des situations difficiles au royaume de Shakespeare. « A l’époque présidente de la communauté des Burkinabé de Londres, j’étais confrontée à quelques problèmes d’arrestation de nos compatriotes. C’était très délicat pour les uns et les autres de rendre visite aux détenus burkinabé dans les centres de détention anglais. Alors moi je profitais de mon travail de conseillère psychologique pour aider officiellement mes compatriotes enfermés » nous explique-t-elle.

Mais comme la vie qui continue son cours normal, la famille FRIGGIT est encore appelée à une nouvelle destination. Elle se retrouve dans un autre royaume de la vieille Europe ; cette fois-ci, il s’agissait du royaume de Don Quichotte.

De l’expérience londonienne en matière de conseillère psychologique, Karidia en avait pris goût. Désormais, elle était convaincue de la nécessité de focaliser son point de mire sur les actions sociale, humanitaire en faveur de ses compatriotes : « Lorsque nous sommes arrivés à Madrid il y’a sept ans, j’ai tout de suite cherché à savoir s’il y avait une association de  Burkinabé. Comme ce n’était pas le cas, avec M. Voubié IDO, doyen des Burkinabé, nous avons entrepris quelques démarches qui ont abouti à la rédaction des statuts de l’association. Nous les avons ensuite remis aux plus jeunes pour finaliser la création officielle de l’Association, en nous positionnant comme conseillers en cas de besoin… » Dira celle qui ouvre grandement la porte de sa maison de Madrid à tous les burkinabè sans exception aucune. Y inclus ceux de passage.

Par ailleurs, tout comme l’oiseau migrateur qui,  a beau voyager revient toujours à son lieu de départ par nécessité ou par reconnaissance, Karidia FRIGGIT/KONATÉ n’oublie pas les siens qui sont restés au pays. Les expériences successives au Royaume Uni et en Espagne l’ont conforté dans sa vision humanitaire du monde : « Depuis quelques années mon époux et moi nous occupons de payer les frais de scolarité d’enfants défavorisés au Burkina. En 2009 nous avons décidé de passer à la vitesse supérieure, et construisons des écoles dans différents  villages du pays. A cet effet, nous avons justement créé une fondation en Espagne, c’est la FUNDACION KATIOU » nous confesse-t-elle.

Ce qui impressionne dans ce parcours atypique de Madame FRIGGIT, c’est que malgré toutes ses capacités intellectuelles et ses diplômes engrangés partout où elle est passée, malgré de multiples possibilités professionnelles qui se présentent de façon continuelle, Karidia n’utilise que très peu de qualificatif lorsqu’il s’agit de parler d’elle-même : « (…) je suis une maman, une sœur et la tantine attentive de tous…. » Nous fera-t-elle savoir. Mais heureusement que des autorités burkinabè ne se sont pas laissé tromper par l’excès de modestie de « notre » Karidia. Dernièrement, elle a été retenue comme Consul Honoraire du Burkina à Madrid. Karidia a reçu la proposition comme une marque de reconnaissance pour ses multiples œuvres humanitaires ; cependant consul ou pas consul, elle et sa famille  continueront toujours d’apporter leur soutien à travers la FUNDACIÓN KATIOU.

Mais ne dit-on pas en Afrique que trop de viande ne gâte pas la sauce ? Espérons que Madame FRIGGIT recevra très prochainement l’officialisation de sa fonction de Consul Honoraire du Burkina à Madrid, qui pourrait se faire dans les semaines à venir. Du moins c’est ce qu’elle nous a confié.

Lefaso.net

Roland ZONGO SANOU