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Blaise Compaoré à l’Elysée : « La situation au Mali n’est pas réjouissante »
 
Le président du Faso, Blaise Compaoré, s’est entretenu avec le président français, François Hollande, le 18 septembre 2012 à l’Elysée, sur la coopération entre leurs pays, mais aussi sur la crise malienne. A sa sortie de l’audience qui a duré trois quarts d’heure, il a confié en substance que les autorités maliennes s’opposent à un déploiement des troupes ouest-africaines au Sud du pays

« La situation au Mali n’est pas réjouissante », selon le médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour le Mali, Blaise Compaoré. Reçu solennellement par son homologue français, François Hollande, jouant le rôle de facilitateur, le président Blaise Compaoré a expliqué que l’heure n’est toujours pas à l’action dans cette crise. « Nous allons poursuivre les discussions pour voir comment et dans quelles mesures nous (CEDEAO et Mali) allons nous entendre sur une opération conjointe », a-t-il confié à la presse qui le pressait de questions, sitôt séparé du président Hollande. Selon ses propos, les autorités maliennes s’opposent à ce que la troupe de la CEDEAO se déploie dans la zone libre.

« Dans les discussions, nous avons senti que les autorités maliennes n’étaient pas prêtes à recevoir dans la partie Sud, les troupes de la CEDEAO, mais préféraient plutôt que les troupes se déploient dans le Nord du Mali », a déclaré le président du Faso. Ce qu’il pense de cette position de Bamako est que « techniquement et sur un plan opérationnel, cela n’est pas possible ». D’où le besoin, selon lui, de poursuivre les discussions.

Le président Compaoré a rassuré les Maliens que les hommes et les femmes qui sont prévus pour agir à leurs côtés, ne sont pas des « mercenaires », mais « plutôt des frères d’armes » qui se sentent eux-aussi en insécurité dans cette situation créée par les mouvements armés actifs au Nord-Mali. Le médiateur de la crise malienne a également jugé inopportun le déploiement de cette force ouest-africaine à partir d’un pays voisin, comme l’a suggéré la presse, citant la Mauritanie ou le Sénégal.

« L’important n’est pas d’engager des troupes … »

Pour Blaise Compaoré, l’important n’est pas d’engager des troupes pour défendre le territoire malien, mais de bâtir, à travers cette intervention, un esprit de solidarité entre pays de la même région. Il a invité les Maliens à accepter, dans ce cas de figure, que le combat soit mené de manière conjointe, que la position des troupes frères de la CEDEAO soit décidée dans ce même esprit et qu’enfin, les " appréciations qui peuvent paraître mal à propos par rapport au contexte de cette guerre à mener , soient exclues". Il a promis, en sa qualité de médiateur, d’œuvrer comme toutes les personnes impliquées dans la gestion de cette crise, pour mieux comprendre la position des autorités de Bamako et aplanir les divergences.

Concernant les progrès de sa médiation, le président Compaoré a indiqué qu’il faudrait un organe gouvernemental pour permettre une discussion avec les groupes combattants. Si certains groupes du Nord ont marqué leurs disponibilités au dialogue, le médiateur et la CEDEAO attendent « toujours que le gouvernement à Bamako puisse mettre en place un organe de négociation pour que les parties puissent valablement se retrouver ». Blaise Compaoré a également répondu aux questions des journalistes qui voulaient savoir, entre autres, si des troupes américaines stationnées à Ouagadougou, interviendraient au Mali.

« Nous n’avons pas de troupes américaines (sur notre sol) », a martelé Blaise Compaoré, avant de préciser : « Nous avons une coopération très limitée dans le domaine de la formation et des renseignements avec les Américains, mais nous n’avons pas de dispositif avec l’armée américaine pour une intervention à partir du Burkina ».

Finalement, la coopération n’aura eu que la partie congrue aux yeux des journalistes massés devant l’entrée du Palais de l’Elysée. Blaise Compaoré a eu juste le temps d’indiquer que le sujet a porté sur les relations d’Etat à Etat, sur la place du secteur privé français dans l’économie burkinabè, mais aussi sur la question de la coopération entre les collectivités décentralisées de la France et du Burkina Faso.


Mouor Aimé KAMBIRE : Envoyé spécial à Paris

Sidwaya