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Emmanuel BETH, ambassadeur de France au Burkina : "Il n’y a pas de forces françaises pré positionnées au Burkina"
 
Ambassadeur de la France au Burkina depuis plus de deux ans au Burkina, Emmanuel Beth a enfilé le costume de diplomate sous la présidence Sarkozy. Une mission qu’il poursuit tranquillement depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande. Dans les lignes qui suivent, il se prononce sur les relations entre la France et le Burkina, la coopération décentralisée, la crise malienne…

Comment se porte l’ambassadeur après ce saut en parachute qui a failli mal tourner ?

L’Ambassadeur se porte de mieux en mieux. Il se remet progressivement et demeure vaillant.

Et qu’en est-il des relations entre la France et le Burkina après le changement de gouvernement avec l’arrivée de François Hollande, qu’on avait présenté comme étant un peu distant par rapport à certains chefs d’Etat comme le président Compaoré ?

Les relations bilatérales entre la France et le Burkina s’inscrivent d’abord dans la continuité. Il est évident que chaque autorité politique imprime sa marque et ses priorités à ces relations, mais s’agissant des rapports entre notre Président et le vôtre, la continuité est la règle. J’en veux pour preuve la réception du Président Compaore à Paris le 17 septembre 2012, très rapidement après l’installation de notre nouveau Président. Il a été parmi les premiers présidents africains à être reçus à Paris. J’en veux pour preuve également les visites ministérielles, notamment celle de monsieur Laurent Fabius en juillet 2012 ici-même dans le cadre du sujet malien, mais aussi celle toute récente de M. Pascal CANFIN, le ministre délégué au développement auprès du ministre des Affaires étrangères français, aux côtés de Mme GEORGIEVA, la commissaire européenne chargée de l’humanitaire. Donc je crois que ce qui caractérise, avant tout, ces relations bilatérales, c’est la pérennité et la confiance.

Cela fait un peu plus de deux ans que vous êtes au Burkina en tant qu’ambassadeur ; quel bilan partiel peut-on faire de votre mission ?

De manière générale, ce bilan peut être qualifié de particulièrement positif. Que ce soit au niveau politique, avec les relations bilatérales dont je viens de parler, ou ici, au quotidien dans les échanges que nous avons à tous niveaux et avec la société civile. Les contacts sont faciles, on peut se dire les choses, même si des divergences ponctuelles peuvent apparaître ici ou là.

Au niveau des politiques de développement, la France, comme les autres partenaires techniques et financiers, se félicite régulièrement des contacts établis avec les partenaires burkinabè, notamment la Direction Générale de la Coopération (DGCOOP), l’ensemble des ministères au travers de leurs plans sectoriels, mais aussi les associations avec lesquelles nous œuvrons sur le terrain. Ce constat est unanime. On ne peut que se féliciter du partenariat établi entre le Burkina Faso et ses partenaires techniques et financiers, dont la France. Comme vous le savez d’ailleurs, en 2011, nous étions encore le premier bailleur bilatéral.

Satisfaction également pour le citoyen que je suis de vivre au quotidien au milieu des populations burkinabè quelles que soient les régions parcourues. Je ne veux pas rentrer dans le sujet compliqué de la parenté à plaisanterie entre les bobos et les peuls, les mossi et les samos. Mais je crois que quel que soit l’endroit où l’ambassadeur se déplace, je note toujours cette capacité d’accueil, cette ouverture, cette tolérance des populations burkinabè qui est toujours de règle, (et) dont j’espère qu’elles ne seront pas mises à mal par la contagion d’évolutions régionales mal contrôlées. Tout ceci est une richesse du Burkina, puisse-t-elle être préservée ! J’en veux pour preuve d’ailleurs, mes différentes tournées dans les camps de réfugiés ou tous les réfugiés notent avec insistance cette capacité d’accueil et d’ouverture des Burkinabè.

Dans les domaines sur lesquels je pense qu’on pourrait aller plus loin, je voudrais citer l’économie. Je sais que vos autorités souhaitent régulièrement que des opérateurs étrangers, français en particulier, viennent ici au Burkina Faso ; dans ce domaine, l’ambassadeur de France estime qu’on peut aller plus loin. Je constate, malheureusement, que parfois nos entreprises ont de petites difficultés pour s’installer ici. Difficultés peut-être dues à des raisons administratives, techniques, ou encore à la une connaissance imparfaite du terreau local. mais je pense que c’est un point sur lequel nous pouvons encore travailler ensemble pour améliorer la situation.

Vous parlez de la France qui est toujours le premier partenaire. Mais on l’impression que ce n’est pas le cas. Est-ce un problème de visibilité des apports de la France ?

Malgré la crise économique et financière internationale, la France demeure pourtant le premier investisseur, en termes de développement, derrière, bien sûr, les bailleurs internationaux et multilatéraux qui sont également très présents.

En outre, je note qu’au-delà de l’action bilatérale, la France est très présente dans l’aide multilatérale de l’Union européenne puisqu’elle représente 20 % du Fonds européen de développement (FED) ; ce qui est considérable.

Par ailleurs, nos investissements sont très significatifs dans le domaine de la santé avec le fonds mondial anti- Sida, avec 360 millions d’euros par an ; le Burkina bénéficie d’une partie. Donc nous sommes toujours très présents aux côtés du Burkina. La sensation de moindre présence reste donc du domaine de la sensation.

Ça se chiffre à combien cette aide ?

Annuellement, l’aide publique au développement française se chiffre, derrière les bailleurs multilatéraux, en 2011 entre 60 et 70 millions d’euros, tout type de coopération et d’action de développement compris.

La nomination d’un militaire au poste d’ambassadeur répond -t-elle à un besoin spécifique ?

Là je vous arrête tout de suite. Vous ne vous adressez pas à un militaire, vous vous adressez à un diplomate et à l’ambassadeur de France au Burkina. Et je suis très clair, ma nomination ne doit rien à ma carrière antérieure de militaire.

Les nominations en France entrent dans un processus global de gestion des ressources humaines. Même s’il est vrai que j’ai été affecté en Afrique francophone, sans doute parce que je connaissais bien l’Afrique d’une manière générale.

Mais ma nomination au Burkina Faso relève d’une part d’un choix effectué par le ministère des affaires étrangères français parmi d’autres candidatures et dans un traitement tout à fait global. Et d’autre part, bien sûr, d’une discussion avec votre pays à travers son agrément.

Comment appréciez-vous la question de votre homologue burkinabè en France qui avait été annoncé comme démissionnaire ? Comment régissent les autorités françaises ?

C’est un dossier avant tout burkinabè. Ce sujet relève donc de la politique internationale burkinabè. De ce fait, je ne vois pas en quoi la France aurait son mot à dire ; il faut laisser le processus se dérouler. Une remarque cependant, c’est qu’à partir du moment où des déclarations ont été faites, il me semble important maintenant que la situation soit clarifiée au plus vite quelles que puissent être les décisions prises.

Qu’en est-il de l’épisode Laurent Bigot qui avait défrayé la chronique ? Le dossier est-il clos ?

Je crois qu’il n’y a pas besoin de clarification ! L’épisode Bigot est ce que j’appellerai un épiphénomène. Ce sont des déclarations qui n’engagent que l’individu. A cet effet je ne ferai que reprendre les propos de Laurent Fabius au mois de juillet 2012 ici même à Ouagadougou qui, lui-même, a déclaré devant la presse que les propos de monsieur Bigot n’engageaient en aucun cas le Ministère des Affaires étrangères français et la politique française.

Le dossier est clos. Même si je peux comprendre que cela ait pu être différemment interprété ici au Burkina Faso. Et c’est normal. Mais je crois que le problème est derrière nous.

Entre la France et le Burkina, il y a une forte tradition de coopération décentralisée ; ces relations à la base sont-elles toujours aussi fortes ?

Cette coopération est toujours aussi importante. Et je crois, sans pouvoir me tromper, vous dire que le Burkina est le pays au sein du duquel il y a le plus des collectivités territoriales françaises impliquées quel que soit le niveau : commune, département ou région ; leur nombre oscille entre 110 et 120 collectivités territoriales. Ce qui est énorme et qui représente là aussi un volume humain, un volume d’expertise, d’échange et de flux financiers significatifs, pour un total d’environ 10 millions d’euros par an.

Mais surtout, ce que je note, c’est le partage d’expériences qui en résulte et qui se fait dans les deux sens. Avec les collectivités territoriales, l’intérêt c’est qu’avant tout, ce sont des experts français qui viennent ici pour faire profiter les collectivités d’un certain nombre d’expériences dans la montée en puissance de telle direction ou de tel service ; mais c’est surtout aussi la venue en France de très nombreux burkinabè dans ces collectivités ; certains sont d’ailleurs insérés à temps plein dans certaines structures. Ils peuvent ainsi voir comment fonctionnent ces structures en France. C’est une forme de coopération très pragmatique, très dense et très intéressante, parce que c’est une coopération entre Hommes de terrain.

Est-ce qu’il y a un accompagnement spécial de l’ambassade de France ?

Il y a, bien sûr, un accompagnement de l’ambassade et du ministère des affaires étrangères français. Ces collectivités essaient de monter des projets mixtes financés en partie par le ministère français des affaires étrangères et elles. Ce sont donc souvent des co-investissements. Il est évident, également, que nous suivons, que nous accompagnons ces actions au travers du service de coopération de l’ambassade. Grâce notamment à un projet de cartographie en cours de réalisation en collaboration avec l’IGB pour essayer de suivre l’implication des collectivités territoriales françaises par région et commune, ici au Burkina Faso, et ainsi travailler à une meilleure coordination de ces collectivités sur le terrain.

Les demandeurs de visa à l’ambassade de France ont souvent déploré les conditions d’accueil ; y-a-t-il eu des améliorations à ce niveau ?

Avant de parler des mesures, je dirai que, dans ce domaine, on voit plus souvent le verre d’eau plutôt à moitié vide ou le train qui n’arrive pas à l’heure. Pour me rendre régulièrement au service des visas, je puis vous dire que ce service fonctionne très bien et que la satisfaction des usagers est la règle.

A cet effet, je reprendrai les propos de certains Burkinabè qui m’ont affirmé que le système a été grandement amélioré par rapport à ce qui se faisait il y a trois ou quatre ans : à l’époque, me disent-ils, il fallait se présenter devant l’ambassade avant 5 h du matin pour espérer être le premier à obtenir son visa, car il y avait la queue devant l’ambassade. Sachez qu’au quotidien on essaie de faire au mieux pour satisfaire à la fois les intérêts français et burkinabè. De fait, le problème n’est pas si important qu’on le dit, quand je constate que 85 % des demandes sont honorées de manière positive : ce qui est quand même très important et démontre que le système marche bien.

Certes on entend plus souvent les 15 % restant, mais c’est la loi du genre. Malheureusement, vous savez qu’il y a toujours des gens qui essaient de contourner certains dispositifs. On a quelquefois des cas difficiles. Mais sachez que dans ce cas, tout est fait pour le régler au mieux. Mais je précise qu’ils ne sont qu’une infime partie. Je veux donc ici saluer, une nouvelle fois, le travail des agents du service des visas, car ce n’est pas facile.

Mais il y a eu aussi l’affaire Halidou Ouédraogo. L’incident est-il clos ?


L’affaire Halidou fait partie effectivement des cas difficiles. Mais aujourd’hui, monsieur Halidou, lui-même, a déclaré que l’affaire était réglée et qu’on en parlait plus, évoquant un malentendu des deux côtés. Donc je ne vois pas pourquoi on en parlerait aujourd’hui.

L’accord-cadre cadre de coopération entre la France et le Burkina, signé en 2009, prévoyait la régularisation de certains Burkinabè vivant en France ; il semble pourtant qu’il n’en est toujours rien. Comment expliquez-vous cela ?

Je crois que l’on ne peut pas dire cela. Il est vrai que dans cet accord de gestion concertée, il y a plusieurs aspects dont celui-que vous avez évoqué. Il est abordé lors de chaque comité de suivi, comité qui se réunit alternativement tous les six mois, au Burkina ou en France. C’est un vrai sujet, concernant une centaine de dossiers dont je crois, une petite dizaine a trouvé une solution. Votre Ambassade à Paris suit avec attention cette question dans un dialogue régulier. Mais vous devinez bien, ça demande du temps sur le plan administratif. Je voudrais surtout, sur ce sujet, souligner tout l’avantage de cet accord pour les Burkinabè, au travers des projets de développement solidaire qui s’élèvent chaque année à un ou deux millions d’euros pour des associations ou des initiatives de particuliers.

Plus de cinquante après les indépendances, la France intervient à nouveau dans un pays qui se trouve être l’une de ses ex-colonies. En l’occurrence le Mali. N’est-ce pas un retour en arrière aussi bien pour la France que pour les pays africains concernés directement ou indirectement par cette crise malienne ?

Je voudrais d’abord souligner, puisque vous parlez de retour en arrière, que le retour en arrière a d’abord concerné le nord-Mali qui a connu pendant plus d’une année une situation que je qualifierais d’archaïque et de moyenâgeuse, permettant à des mouvements terroristes et djihadiste de faire régner la terreur dans le Sahel, avec la mise en œuvre de procédés relevant d’une autre époque : châtiments corporels, lapidation, destruction du patrimoine culturel et justice expéditive scandaleuse.

Je rappelle que l’intervention de la France s’est faite à suite d’une demande écrite du Président malien et des autorités maliennes qui ne parvenaient plus à contrôler la descente de ces mouvements terroristes et narcotrafiquants vers la capitale. Du reste, notre intervention s’est déroulée dans le cadre des Nations-unies, en application de la résolution 2085, et avec un accord quasi unanime de la communauté internationale. Vouloir y voir le retour de la Françafrique c’est à mon avis une vision étriquée de cette intervention qui aujourd’hui satisfait l’ensemble de la communauté internationale.

Au Burkina, pays voisin du Mali, il y a eu un renforcement des mesures de sécurité, notamment autour des points stratégiques et d’intérêts français. Y a-t-il selon vous une réelle menace qui justifie la prise de ces mesures et quelle peut-être leur efficacité sur le terrain ?

Il est évident que la situation au Mali a des conséquences inévitables sur l’ensemble des pays de la région. Il y a également les réfugiés dont plus de 45 000 se trouvent au Burkina. En conséquence, ces mesures de sécurité s’inscrivent bien dans le cadre d’un processus de dialogue avec les autorités burkinabè. Ce sont des mesures de simple vigilance prises en liaison étroite avec les autorités burkinabè qui semblent plus exigeantes que nous en la matière. Et je ne peux que me féliciter du dialogue qui s’est instauré avec les autorités burkinabè sur cette question.

Le déclenchement des opérations militaires au Mali signe-t-il l’échec de la médiation burkinabè comme on l’entend depuis peu dans certaines capitales occidentales ?

Il n’y a pas de remise en cause de la médiation. Il y a simplement la combinaison d’un certain nombre de mode d’action : politique, militaro-sécuritaire, humanitaire et développement, modes d’action sur lesquels il faut en permanence jouer, dès lors que l’on traite de crise et de sortie de crise ; il faut donc continuer comme cela. Les négociations à venir connaîtront certainement des ajustements, mais il appartient aux Africains de les définir.

Le Burkina a annoncé officiellement sa participation en hommes à la mise en place de la MISMA, la force d’intervention mise en place par la CEDEAO pour aider le Mali à recouvrer la totalité de son territoire. Cela vous semble- t-il pertinent ?

Non seulement elle est pertinente, mais elle est indispensable. La France n’est intervenue au Mali que dans le cadre d’une résolution des Nations-unies, la 2085, qui prévoyait justement le déploiement de ces contingents africains. L’intervention française se situe en complémentarité et aux côtés des troupes maliennes et africaines de la MISMA Et donc s’il manque la MISMA, il manque un pan complet de cette intervention. Il est ainsi fondamental que la MISMA poursuive son déploiement (c’est d’ailleurs en cours), notamment en occupant les villes de Gao et Tombouctou, voire plus, pour accompagner la feuille de route politique mise en place par les autorités maliennes.

Je constate que le Burkina qui a été un acteur majeur du processus politique de la CEDEAO, a été aussi le premier à mettre en œuvre l’option militaire et à renforcer le dispositif initialement prévu pour la MISMA . Ce qui prouve qu’il y a une vraie cohérence dans l’ensemble de ses actions.

Sur place à Ouagadougou comment se fait la coordination entre l’ambassade de France et les autorités burkinabè au sujet de l’intervention au Mali ?

D’abord la coordination, elle a lieu sur le terrain au Mali. Et là je peux vous dire que la coopération entre les parties militaire et politique française est optimale. De même entre la partie française et l’ensemble des ONG, la coordination est exemplaire, notamment sur ce sujet fondamental qu’est le respect des droits de l’Homme pour éviter les exactions. Au Burkina Faso, nos échanges sont aussi d’excellente qualité, notamment dans le traitement des questions d’ordre logistique.

Pensez-vous que les forces africaines seront à la hauteur de la tâche qui les attend ?

Je crois qu’il n’y a aucune raison d’en douter, à partir du moment où cette action de la MISMA s’inscrit dans une volonté de contrôle du territoire. Je fais confiance aux forces africaines d’une part pour jouer ce rôle de dissuasion et d’autre part pour jouer ce rôle d’intervention sur les fauteurs de troubles.

On a vu aussi qu’il y a eu comme un malaise entre les troupes françaises, maliennes et le MNLA…

Il n’y a pas de malaise du tout ! Je suis assez fier pour mon pays. Les forces françaises ont conduit des actions militaires efficaces, rapides, qui leur ont permis de reprendre pied et de rétablir l’intégrité du territoire malien très rapidement. Peut-être plus vite que ne les avaient prévues les autorités maliennes.

Je constate également que les forces maliennes ont toujours été aux côtés des forces françaises sur Gao et Tombouctou, et ailleurs. Mais, quand il s’agit d’aller plus au nord, cela été plus lent au niveau logistique notamment, ce qui a peut-être contribué au fait qu’elles ont eu du mal à accompagner cette vitesse de projection dans le nord. Mais il est évident que l’intention de la France est d’accompagner très rapidement ce déploiement des forces maliennes sur l’ensemble du pays. Ce qui est normal !

Il n’y a pas de préférence pour le MNLA dans certaines régions du pays ?

Il n’y a pas de préférence. Puisqu’il faudra à terme que l’ensemble des mouvements armés, Touaregs ou autres (à partir du moment où ils ne sont pas terroristes), et interlocuteurs maliens, reviennent à la table d’un processus de négociations politiques. Et il faudra que tout le monde comprenne que l’intégrité territoriale du Mali est une condition expresse de l’intervention française. Et donc il n’y a pas d’ambiguïté possible.

Il est revenu sur certains médias que la France a des forces pré positionnées au Burkina. Quelle est la nature de ce dispositif ?

Il n’y a pas de forces françaises pré positionnées au Burkina. En revanche, effectivement, il y a des détachements d’instruction opérationnelle qui régulièrement, sont au Burkina pour appuyer les armées Burkinabè en matière de formation.

Il n’y a pas d’appareils de surveillance ?

Il y a ponctuellement des militaires français au Burkina, c’est évident.

La France compte arrêter son implication à la reprise des grandes villes et laisser les troupes africaines traquer les intégristes dans les montagnes. N’est-ce pas là un travail à moitié fait ?

La France sera à la hauteur du contrat qu’elle a signé avec les Maliens, les africains et les Nations unies. Ensuite elle passera progressivement la main à l’opération de la MISMA ; donc la France adaptera son dispositif quand il le faudra dans le cadre d’un processus arrêté en liaison avec ses partenaires.

En tant que militaire et diplomate, quelles perspectives voyez-vous à cette crise ?

Comme toute crise, il faudra du temps. Nous sommes actuellement dans la phase des opérations militaires. Mais après la priorité devra être donnée à un processus politique qui est déjà engagé notamment avec les élections contenues dans la feuille de route. Après il faudra traiter les problèmes de fond dans la durée. C’est un processus qui prendra du temps et qui devra faire appel à la sagesse à l’ensemble des partenaires.

Je vous remercie


Interview réalisée par Juvénal Somé et Cyriaque Paré
Lefaso.net