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Sitho : Un dixième anniversaire sous le signe des TIC
 
Lancé en 2004, le Salon internationale du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (Sitho) est devenu un rendez-vous incontournable pour de nombreux professionnels du tourisme. L’édition 2013 est placée sous le signe des TIC

C’est sous le thème « Tourisme et technologies de l’information et de la communication » que se tient, du 26 au 29 septembre, la dixième édition du Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (Sitho). Lancé en 2004, le Sitho vise à promouvoir les richesses culturelles et touristiques de notre pays et à mettre en valeur un secteur à forte potentialités économiques et d’emplois. Le tourisme figure d’ailleurs dans la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD), un document adopté en 2009 et qui fait office de référentiel de la politique économique du Burkina pour la période 2011-2015.

Grâce aux manifestations culturelles de dimension internationale qu’il organise régulièrement, tels le Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (Fespaco), le Salon internationale de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), la Semaine nationale de la culture (SNC), les Nuits atypiques de Koudougou (NAK), le Festival de musique Jazz à Ouaga ou le Festival international des masques et des arts de Dédougou, etc., le Burkina accueille de plus en plus de visiteurs étrangers sur son sol. En 2009, la capitale, Ouagadougou a même été classée au premier rang des villes culturelles africaines par l’Observatoire des politiques culturelles en Afrique (OPCA), un organisme partenaire de l’Unesco et de l’Union africaine. C’est ce dynamisme culturel que le Sitho, devenu la vitrine d’exposition et de valorisation des potentialités touristiques nationales, a aussi vocation à capitaliser en devises.


Organisé depuis dix ans sans discontinue, le Salon a trouvé sa place dans l’agenda de nombreux professionnels du tourisme burkinabè, africains et internationaux. Des agences de voyages, représentants de Tours opérateurs européens et africains prennent régulièrement part à ce rendez-vous, le plus souvent à l’invitation de l’Office national du tourisme burkinabè (ONTB), l’objectif étant qu’ils découvrent les sites et offres touristiques du pays et qu’ils incluent la « Destination Burkina » dans leurs programmations. Respectent-ils réellement le deal en programmant la destination Burkina ? « La plupart nous informent lorsqu’ils le font, mais certains restent sans nouvelles », répond Patricia Emma Tamini, la nouvelle directrice de l’ONTB, nommée en février dernier.

Selon elle, les sculptures sur granite de Laongo, le parc animalier de Ziniaré, le parc Bangré Wéeogo en plein centre de Ouagadougou, la marre aux crocodiles sacrés de Bazoulé et les chutes de Karfiguéla, plus connues sous les Cascades de Banfora, sont les sites les plus visités par les touristes nationaux. Quant aux étrangers, ils sont plus attirés par le pays Kasséna et le pays Lobi pour leur architecture atypique, les lithiques tels que les Pics du Nahouri, les Pics de Sindou, les dômes de Fabédougou, les parcs nationaux pour le Safari-vision, la chasse et les dunes de sables dans le nord du Burkina.

Dans une étude réalisée en mai 2012 par le ministère de la Culture et du tourisme sur les impacts du secteur de la culture sur le développement social et économique du Burkina, on apprend que sur la période 2000-2009, les visiteurs étrangers du Burkina Faso sont majoritairement des Européens. « Sur un total de 199 845 touristes ayant séjourné annuellement en moyenne dans les hôtels, 95 041 sont européens, soit 34,03%%, contre 84 839 africains soit 30,38% ; viennent ensuite les américains, puis les asiatiques ».

Parmi les Européens, les Français sont dominants, 176 285 selon l’ONTB en 2009, puis viennent respectivement les Belges, les Allemands et les Italiens. Chez les Africains, les Ivoiriens sont les plus nombreux, suivis des Nigériens et des Maliens au même niveau, puis des Sénégalais et des Togolais aussi à niveau équivalent. Les visiteurs américains proviennent essentiellement des Etats-Unis et du Canada tandis que les asiatiques sont constitués essentiellement de Chinois et de Libanais.

Sur la même période, les auteurs du document notent que « le taux de croissance annuel moyen des visiteurs étrangers a atteint 8,86%, sous l’impulsion des visiteurs africains (10,84%), américains (9,81%), asiatiques (8,62%) et européens (7,04%) ». Commentant ces chiffres, ils soulignent que « ce panorama met en évidence l’intérêt de plus en plus croissant de la destination Burkina Faso pour le reste du monde, en même temps qu’il révèle le potentiel de développement qui reste dans les différentes régions du monde ».

Reste que l’accès à certains sites, comme les Cascades de Banfora, les Dômes de Fébédougou ou les Cavernes de Douna demeure particulièrement difficile surtout en période hivernale. Une situation qui risque de mettre à mal la politique affichée dans la SCADD visant « la promotion du tourisme intérieur, en tant qu’axe stratégique de développement du tourisme, en général, la valorisation du produit touristique dans les domaines du tourisme culturel, écologique, et de loisir en tant qu’instruments de renforcement de la rentabilité du secteur ». L’état des lieux des sites difficilement accessibles a déjà été établi et soumis au ministère en charges des Infrastructures, mais pour l’instant, il faut bien reconnaitre que c’est surtout les communes qui tentent d’y remédier avec les moyens du bord.

En participant le 17 juillet dernier à la randonnée touristique organisée par le Réseau citoyenneté et développement de la région des Cascades (RECIDEC), le premier ministre Luc Adolphe Tiao a pu constater lui-même la réalité du terrain. Il faut maintenant espérer que la promesse qu’il a faite d’accorder une attention au désenclavement des localités à fort potentiel touristique connaitra une suite dans un délai raisonnable.

L’essor du tourisme burkinabè passe également par la construction de structures d’accueil et d’hébergement proches des sites, mais l’affaire ne semble pas trop intéresser pour l’instant le secteur privé, alors que l’état compte sur lui pour assurer « le développement du tourisme et la gestion du secteur, particulièrement dans les domaines de la promotion, de la formation et de la réalisation d’infrastructures ». Pis, en raison d’un regrettable déficit de communication qui dure depuis des années, de nombreux voyagistes et promoteurs du tourisme burkinabè boudent le Sitho comme ce fut encore le cas l’année dernière. Le secrétaire général du ministère de la Culture et du tourisme, Jean-Claude Dioma s’en était agacé sur Lefaso.net : « Nous allons analyser froidement la situation afin de connaitre les raisons de leur absence car il est inconcevable que les agences de voyage ne soient pas à ce Sitho ». Il faut espérer que le contentieux a été vidé, que les divergences ont été aplanies et que les principaux acteurs privés nationaux du tourisme reviendront à de meilleurs sentiments, surtout qu’ils sont les principaux partenaires et bénéficiaires du Sitho. Si cette brouille devait encore perdurer, il faut craindre que l’objectif d’accueillir 500 000 touristes qui nous permettra d’obtenir le statut de « Pays destination touristique » ne soit jamais atteint. Le Burkina accueille environ 300 000 touristes par an et grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC), cet objectif semble à portée de main. Le choix du thème de cette édition, « Tourisme et technologies de l’information et de la communication ; quelles opportunités pour l’Afrique ? » n’est sans doute pas fortuit. « Comme vous le savez, les TIC sont de nos jours incontournables dans la vie quotidienne. Les modes de communication et les supports ont évolué très rapidement en moins de dix ans. Pour les touristes, les TIC offrent le moyen de préparer, d’organiser, de réserver et de payer son voyage en un temps réduit et sans trop d’intermédiaires. De même, elles permettent de communiquer sur le produit touristique et d’atteindre la clientèle à moindre frais. C’est ce que la 10e édition du SITHO voudrait rappeler ou porter à la connaissance des professionnels du tourisme », explique la directrice de l’ONTB, Emma Patricia Tamini.

Inventé au XIXe siècle pour des usages militaires, l’Internet est devenu un outil de développement dans tous les secteurs de la vie économique des pays, y compris le tourisme. Sans remettre totalement en cause l’imprimé, la télé ou la radio, l’Internet offre la possibilité de faire connaitre les produits et services à un public très large. D’où la décision prise par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) en février 2012 de signer un accord avec Microsoft dans le domaine de l’innovation technologique appliqué au tourisme.

La dixième édition offrira l’occasion aux pouvoirs publics, opérateurs de télécommunications et professionnels du tourisme de réfléchir sur les moyens de faire de l’Internet un réel outil de développement de l’Afrique, le continent où le taux de connexion demeure faible comparativement aux autres parties du monde. D’après Internet World Stats, en 2011, le taux de pénétration d’Internet était de 78,3% en Amérique du Nord, 60,1% en Océanie et en Australie, 58,3 en Europe, 37,0% en Amérique Latine et dans les Caraïbes, 23,8% en Asir et 11,4% en Afrique.

Rapporté à la population, les pays africains les plus connectés à la toile sont le Maroc et la Tunisie avec 33,4% de pénétration puis l’île Maurice avec 29,6%. Selon la même source, en 2012, le taux de pénétration de l’Internet était de 51% au Maroc, 39,1% en Tunisie, 35,6% en Egypte contre 3% au Burkina et 1,9% pour le pays invité d’honneur cette année, le Tchad.

Le chemin de la démocratisation de l’accès aux TIC reste encore long, mais le « e-business » de masse a de l’avenir sur le continent africain.

En marge du Sitho, la journée internationale du tourisme sera célébrée le 27 septembre sous le thème « Tourisme et l’eau : protéger notre avenir commun ».

Joachim Vokouma
Lefaso.net (France)

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Comment développer l’Internet en Afrique

Les tarifs de l’accès à Internet en Afrique subsaharienne sont les plus coûteux au monde : selon l’UIT, le coût d’une connexion haut débit y est en moyenne, d’environ 100 $ pour 110 kilobits/seconde contre moins de 30$ en Afrique du Nord et moins de 20$ dans le reste du monde. Pour autant, le potentiel de développement est immense : au Burkina Faso, en Éthiopie, au Mozambique, en Ouganda et en Tanzanie, moins de 10% des personnes interrogées connaissaient Internet. Ce taux passe à 30% au Bénin, au Botswana, en Côte d’Ivoire, au Ghana et en Namibie.

Le faible taux de pénétration d’Internet et le coût élevé de la connexion tiennent essentiellement à l’absence de réseaux internationaux haute capacité.

Connecter l’Afrique au reste du monde

Des initiatives sont engagées en Afrique de l’Ouest, de l’Est et Australe pour développer les réseaux internationaux et mieux raccorder l’Afrique au reste du monde. C’est ainsi que SEACOM,SouthEast Asian teleCOMmunication Cable, un câble sous-marin de fibre optique de 17.000 kilomètres de long qui a coûté 650 M$, relie désormais l’Afrique du Sud à Bombay (Inde), Marseille (France) et Londres (Royaume-Uni), via le Kenya, la Tanzanie, le Mozambique et Madagascar, avec une capacité de 1,28 Tb/s. Autre exemple, Alcatel-Lucent a posé 4.500 kilomètres de fibre optique destinée au système sous-marin est-africain TEAMS (The East African Marine System). TEAMS est maintenant opérationnel au Kenya avec une capacité de 40 Gb/s (pouvant être accrue à 640 Gb/s).

JV (Lefaso.net)